Un peu d'air frais [Terminé]

Hermione Granger n’était plus vraiment l’esclave de Drago Malefoy, et ce, depuis environ trois semaines. Oui, cela faisait trois semaines que Malefoy, qu’elle considérait comme le maître le plus abjecte qu’elle aurait pu avoir, lui avait fait part de ses réelles attentions, ainsi que d’une partie de sa véritable personnalité. En fin de compte, Hermione avait comprit qu’elle ne le connaissait pas du tout. Mais au moins, depuis cette discussion, des bases plus saines s’étaient installées entre les deux anciens ennemis... les deux nouveaux alliés. Cela faisait toujours drôle à Hermione de voir Malefoy tel qu’il était, sans masque, bien sûr, elle ne pouvait pas encore dire qui il était vraiment, c’était bien trop tôt, mais c’était toujours mieux que le Malefoy froid, cruel et narquois d’avant. Oui, elle le préférait comme ça. Un semblant de confiance était né, et à forces de petits déjeuners partagés, et de respect mutuel, cette confiance se solidifiait de jour en jour. Elle ne pouvait pas encore le considérer comme un ami, c’était trop tôt, et le passé était toujours présent, d’une façon ou d’une autre. Peut-être ne pourraient-ils jamais devenir amis d’ailleurs, Hermione l’ignorait. C’était un lien assez spécial entre eux, mine de rien... passer de la haine mutuelle à la confiance n’était pas simple, et Hermione avait toujours du mal à réaliser qui était vraiment Malefoy. En même temps, c’était un garçon vraiment complexe. Il était loin d’être aussi facile à comprendre que Ron, ou Harry qu’elle connaissait par cœur. Hermione était incapable de prévoir les réactions de Malefoy. L’énigme était loin d’être résolue.

En cette après-midi, Hermione avait pu non seulement assister à un cours de potion, qui s’était révélé passionnant, bien qu’elle sentait des regards haineux portés contre de la part d’autres Serpentard quand Malefoy était concentré sur sa potion, elle s’en était assez bien sortie. A vrai dire, les potions avaient toujours été une matière dans laquelle Hermione s’était montrée douée depuis sa première année... A vrai dire, il n’y avait qu’en divination qu’elle avait eu de mauvais résultats, et elle avait abandonné cette matière au bout de quelques mois seulement. Trop nébuleuse, et le professeur trop incompétent. Malefoy l’emmena alors dans un coin du parc où elle n’était jamais venue auparavant. C’était un endroit calme, paisible. Cela faisait du bien à Hermione. Elle étouffait dans ce château depuis que Voldemort tirait les rennes. Elle n’était pas sortie depuis le soir de la rentrée, quand elle était allée chercher sa baguette en douce. L’air frais lui faisait vraiment du bien, elle avait l’impression de renaître. Assise dans l’herbe fraîchement coupée, elle humait l’odeur délicate qui s’en dégageait. Hermione adorait cette odeur. Elle la sentait d’ailleurs lorsqu’elle était près d’un chaudron d’Amortentia, puissant philtre d’amour qui avait la particularité de dégager l’odeur des trois choses que l’on aimait le plus. Hermione ferma un instant les yeux pour apprécier le vent qui caressait son visage. Elle ne pouvait qu’apprécier ces choses si simples, desquelles elle avait été privée quelques temps. Lorsqu’elle entendit la voix de Malefoy, elle rouvrit les yeux et revint à la réalité. Il lui demanda si cela ne la dérangeait pas d’être ici.

-"Tu supposes très bien, Malefoy" dit-elle avec un sourire au coin des lèvres. "Ca fait du bien de prendre l’air."

Hermione regarda un instant Malefoy avant de détourner le regard. Il semblait si naturel dans cet environnement calme, cela changeait du château. Il était vrai qu’ici, il n’y avait pas de pression de la part des autres. Et peu de personnes devaient connaître cet endroit. Hermione ressentit de nouveau une douce brise sur ses joues rosies par le vent. Ses cheveux détachés ondulaient gracieusement au gré du vent. Elle était vêtue ce jour là d’une de ses robes grises, mais depuis qu’elle et Malefoy avaient un accord, elle avait cessé de se négliger pour l’énerver, après tout, il n’y avait plus de raison de le faire. Même si, devant les autres, elle devait se montrer aussi rebelle qu’avant, et lui aussi méchant. C’était quand même fatiguant à la longue, mais si c’était le prix à payer pour avoir un allié, Hermione l’acceptait. c’était en plus un allié de taille. Malefoy était très intelligent, et doué en magie, et Blaise aussi l’était, Hermione savait qu’il faisait partie du plan de Malefoy, même si elle n’en connaissait que les grandes lignes. Hermione regardait à présent les arbres autour d’elle. Ils permettaient de cacher cet endroit aux yeux des autres. Comme un rempart contre le monde. Hermione reporta de nouveau son attention sur Malefoy, à moitié pensive.

-"Tu viens souvent ici ?" demanda-t-elle, curieuse.

Poser des questions n’avait jamais effrayé Hermione. Mais celle-ci était peut-être indiscrète. Tant pis, s’il voulait lui répondre, Malefoy le ferait. Et puis, se poser mutuellement des questions les aideraient à solidifier leur confiance, ce qui leur donnerait plus de chance pour lutter contre Voldemort. L’amitié, l’amour, la confiance étaient des choses dont Voldemort se servait pour faire mal, pour manipuler, mais il ne l’avait jamais connu. C’était sa faiblesse, c’était ce qui donnait à Harry une chance de le battre, et c’était en cultivant cette force qu’ils pourraient lutter contre le mage noir. Hermione n’en avait pas parlé à Malefoy, étant tenue au secret par Harry, mais il était évident qu’elle avait foi en son meilleur ami, et cela l’étonnerait que Malefoy n’ait pas remarque qu’elle nourrissait toujours cet espoir.

Hermione sentit le regard de Malefoy posé sur elle plus qu’elle ne le vit. Cela ne la gêna pas tant que ça, de toute façon, tous deux passaient beaucoup de temps à observer l’autre, comme si un regard pouvait leur en apprendre plus l’un sur l’autre C’était étrange de se dire que l’on connaissait une personne depuis 7 ans et de ne rien savoir sur cette même personne. C’était le cas entre Hermione et Drago. Sept ans de haine et de faux semblant pour retourner à la case départ... en fait, non, pas vraiment. Ils avaient plus avancé en quelques semaines qu’en sept an l’un vers l’autre, dans le sens qu’au lieu de se repousser mutuellement, ils essayaient de gagner la confiance la plus totale possible de la part de l’autre. Ce n’était pas couru d’avance, le monde entier leur mettait des bâtons dans les roues, mais eux au moins, avait cessé de s’arracher l’herbe sous le pied, ce qui était un grand pas en avant en soi. Hermione en était fortement soulagée. D’une, parce que celui à qui elle avait été attribuée comme esclave n’était pas si terrible finalement, de deux, parce qu’elle avait un nouvel allié, de trois parce que cela lui redonnait de l’espoir de quatre... oui, parce que le peu qu’elle avait découvert de Malefoy jusque là n’était pas si mal... Il était loin d’être ce garçon insupportable et méchant qu’il avait semblé être toutes ses années. Hermione releva le regard vers Malefoy, toujours dans ses pensées, à son tour de l’observer. Très peu de paroles, peu de gestes, mais tous ces moments passés avec lui donnait à Hermione beaucoup à réfléchir. Et Hermione était déjà bien connue pour son intelligence rare, son sens de la déduction et de l’observation. Elle avait toujours eu soif de connaissance, et de tout ce qui pouvait l’aider à mieux penser, à mieux réfléchir. Ces temps-ci, beaucoup de choses lui donnaient à penser.

Tout d’abord à un plan, puisque de toute façon, s’ils voulaient lutter contre Voldemort, mieux valait le faire de façon réfléchie. Ce n’était pas le genre d’ennemi dans lequel on fonçait tête baissée. Surtout pas maintenant qu’il était au pouvoir, puissant, qu’un Etat était à sa botte, et que trop de personnes avaient peur pour agir. Ensuite, elle réfléchissait beaucoup à son passé et tout ce qui s’y rattachait. Ses parents, ses amis... bien que cela fasse partie du passé, Hermione ne les considérait pas comme révolus, loin de là... Sa haine envers Malefoy... ça, par contre... cela faisait partie du passé toujours un peu présent mais que l’on s’efforçait d’oublier et de mettre de côté. Hermione s’en sortait assez bien d’ailleurs. Enfin, Hermione réfléchissait beaucoup sur la situation actuelle, tant par rapport à Voldemort, à ses amis, ses parents, Malefoy, Harry, ou encore Malefoy... c’était en effet un sujet qui la préoccupait beaucoup puisque c’était celui auquel elle était confrontée le plus souvent ! Lorsque Malefoy lui dit que c’était une question stupide, elle leva les yeux au ciel de façon typiquement hermionesque, l’air de dire "n’importe quoi", secouant légèrement la tête de gauche à droite. Elle trouva que répondre serait futile : si elle le faisait, la conversation se tournerait vers un puéril « non », « si » , « non », « si », et ce n’était pas comme ça qu’ils avanceraient. Hermione baissa un moment les yeux, sentant de nouveau la brise soulever gracieusement quelques unes de ses mèches de cheveux. Elle les releva de nouveau en entendant la voix de Malefoy. Pas étonnant qu’il voulait s’isoler dès la première année. Qui n’en aurait pas envie en ayant Pansy Parkinson et deux gorilles sans cervelle en guise de nouvelles ombres ? C’était plus que compréhensible de sa part .Hermione acquiesça lentement. Malgré tout ce qu’il avait bien pu montrer, Malefoy n’était pas quelqu’un d’insensible, Hermione le savait à présent, du moins, elle en était persuadée. Et toute personne sensible avait besoin de coins tranquilles et de moments de solitude pour faire le point et se retrouver. Sans quoi on pouvait devenir fou.

-"Je vois... en tout cas tu as l’œil, c’est une endroit magnifique, et pour la tranquillité, c’est vrai qu’on fait rarement mieux " répondit-elle avec un demi sourire. "Personnellement, mon coin de tranquillité a toujours été la bibliothèque... ou alors une salle vide près de la salle commune des Gryffondors..."

Hermione se demanda pourquoi elle lui avait raconté cela, Malefoy devait sûrement s’en ficher complètement, et se sentit un peu gênée. Elle baissa les yeux vers l’herbe, et aperçut un pissenlit qui n’avait pas encore perdu ses fruits. Profitant du vent qui allait en direction de Drago, Hermione eut une idée, complètement enfantine, malgré le fait qu’elle voulait éviter une conversation puérile quelques secondes plus tôt, mais elle n’avait jamais résisté aux pissenlit. La raison d’Hermione s’avoua vaincue lorsqu’il lui vint à l’esprit l’idée que cela pourrait détendre l’atmosphère. Comme pour faciliter ses plans, Malefoy s’était allongé dans l’herbe. Hermione eut un sourire en coin, non pas diabolique mais d’un amusement machiavélique. Hermione cueillit doucement la fleur à l’allure de coton, et s’approcha de Malefoy, à quatre pattes, le plus discrètement possible. Une fois juste derrière lui, elle souffla dans la fleur et tous les fruits ou pétales, selon les points de vue, s’envolèrent gracieusement pour atterrir en plein sur le visage de Malefoy, sous le rire amusé d’Hermione. Un rire qui n’était pas nerveux, ni moqueur, ni provocateur, non. Un vrai rire. Franc. Sincère. Pourquoi avait-elle fait ça ? Peut-être pour se détendre, peut-être pour détendre l’atmosphère, peut-être pour tester Malefoy, peut-être pour le faire rire aussi... ou peut-être qu’il y avait d’autres raisons qu’elle ignorait, que malgré son sérieux habituel, Hermione ne pouvait renier son passé de petite fille qui s’amusait dans la campagne avec ses parents à cueillir des pissenlit et regarder s’envoler leurs fruits. Il y avait plein de raisons possibles, et elles étaient toute valables. Le plus important n’était pas le pourquoi, c’était le geste, et le rire. Le rire pouvait tout combattre, avec l’amour, c’était ce qui pouvait vaincre toutes les situations, même les pires. Le rire pouvait même vaincre nos peurs. La façon de vaincre un épouvantard en était la preuve la plus concrète.

Hermione ne savait pas à quoi s’attendre concernant la réaction de Malefoy. Allait-il se braquer ? Allait-il rester coi et incompréhensif ? Allait-il rire à son tour ? Hermione essaya de calmer son rire, mais c’était difficile, ce n’était pas grand chose, mais voir Drago Malefoy le visage attaqué par des pissenlits alors que cela faisait un mois et demi qu’elle n’avait pas eu l’occasion de rire, c’était suffisant pour qu’Hermione ait du mal à s’en remettre. Finalement elle y parvint mais conserva un sourire et un regard amusé, qu’elle tourna vers Malefoy pour regarder sa réaction. Un petit pétale de pissenlit était resté accroché dans une mèche de cheveux d’Hermione, sans qu’elle ne s’en soit rendue compte. C’était drôle tout de même. Etre dans un coin si tranquille, presque intime, avec Drago Malefoy, et essayait de le faire rire. Cela ne lui ressemblait pas du tout. A quoi jouait-elle ? Et bien, aussi étrange que cela puisse vous paraître en ce moment de détente, où elle avait baissé sa garde, Hermione s’en contrefichait. Elle aurait bien le temps plus tard de se reperdre dans ses pensées, puisque si Harry était bel et bien parti chercher les Horcruxes, il mettrait sûrement beaucoup de temps avant de rentrer. Et dans ce coin si tranquille, ils étaient comme coupé du monde, de la guerre, de tout ce contre ils allaient combattre... ensembles.

Hermione n’était pas entièrement d’accord avec Malefoy. Il semblait croire que tout avait été simple pour elle. Etre tranquille n’était pas simple. Ou du moins, lorsqu’elle l’était, certains en avaient toujours profité pour dire des méchancetés sur elle. Et cela était vrai depuis la plus tendre enfance d’Hermione. Peu d’enfants et d’adolescents appréciaient les miss-je-sais-tout, surtout elle qui était parfois bizarre. Petite, elle avait beaucoup souffert des moqueries de ses camarades de classe, si bien que ses parents l’avaient envoyé dans une école pour surdoués avant qu’elle ne soit admise à Poudlard. Et une fois dans l’école cela avait continué. En première année, même Harry et Ron s’étaient moqués d’elle. Ils avaient finalement cessé après l’épisode du troll, mais pas les autres élèves. Malefoy lui-même avait été le premier à se moquer d’elle. Bien sûr, à force, elle avait appris à ne plus faire attention aux moqueries, mais cela n’empêchait pas qu’elle en souffrait. Et à présent... à présent, elle était considérée comme une moins que rien par la loi elle-même, par ceux qui l’écrivaient et ceux qui l’acceptaient. et avec cette propagande de plus en plus de personnes adhéraient ou du moins faisaient comme s’ils adhéraient à ces nouveaux idéaux qui faisaient tant souffrir Hermione et ses semblables. Malefoy ne pouvait pas le nier. Elle ne répondit rien, cependant, gardant tout cela pour elle. Inutile de passer son temps à se plaindre. La vie n’était facile pour personne, et il était puérile de faire un concours de celui qui avait le plus souffert.

De toute manière, le temps était au rire, pour une fois, et pas à la réflexion. Au rire ? Avec Drago Malefoy ? ! Mais qu’arrivait-il ? Etait-ce les événements actuels qui chamboulaient beaucoup plus de choses que l’on n’aurait pu imaginer ? Non... ce n’était qu’une histoire de confiance uniquement pour un plan. Et Hermione comme Malefoy étant sur les nerfs, ils avaient juste besoin de rire un peu... Oui, c’était cela. Hermione commençait à peine à calmer son fou rire que Malefoy s’avança sournoisement vers elle. Hermione lui lança un regard surpris... et reçut une poignée d’herbe en plein visage. Fort heureusement, elle n’en reçut pas dans la bouche. Réprimant un autre éclat de rire, elle attrapa à son tour une poignée d’herbe pour se venger, mais Malefoy fut le plus rapide et il commença à la chatouiller... Or, Hermione craignait excessivement les chatouilles. Elle relâcha les brins d’herbes arrachés, riant à pleins poumons, en tentant d’échapper aux chatouillis de Drago. Chose très difficile en soi... C’était encore plus efficace qu’un rictusempra pour la faire rire. On aurait dit deux enfants, ou plutôt deux amis, deux personnes se connaissant de longue date et étant proches l’un de l’autre, jouant ensemble... mais ils n’étaient pas amis. Ils n’étaient rien de tout cela. Le destin avait fait qu’ils étaient nés et avaient grandi dans deux mondes différents et incompatibles. Toute amitié entre eux serait une trahison envers leurs mondes respectifs. Les Malefoy deviendraient fous, et Harry, Ron et tous les Weasley, la prendraient pour une folle et s’éloignerait d’elle si elle et Malefoy venaient à se rapprocher.

Hermione riait toujours autant quand elle réussit à atteindre les cotes de Malefoy à son tour, et tenta de lui faire des chatouilles pour se venger, en espérant qu’il était chatouilleux également. S’engagea alors une furieuse bataille pour savoir qui chatouillerait l’autre. Hermione était contente d’avoir réussi à le faire sourire également. Elle ne l’avait jamais vu rire autrement que par moquerie ou méchanceté. Il ne riait certes pas autant qu’elle, mais au moins, Malefoy avait perdu son air froid. Et dire que jamais elle n’avait chatouillé ou été chatouillée par Harry ou Ron, qui, eux, étaient pourtant ses meilleurs amis. Hermione réussit enfin à s’esquiver de la bataille en roulant à terre. Elle se rassit tranquillement, reprenant un souffle normal. Elle lança un regard amusée à Malefoy, tandis qu’elle souriait sincèrement. A vrai dire, elle n’avait jamais été si proche d’un garçon que de Malefoy à ce moment précis... à part peut-être quand elle était sortie avec Viktor Krum, mais ils avaient toujours gardé une certaine distance entre eux, due à la timidité de l’un et de l’autre. A cette pensée, Hermione se sentit gênée. Les pensées revenaient. Que lui avait-il pris ? C’était certes son allié, mais il restait Drago Malefoy ! Celui qu’elle avait toujours détesté ! Elle ne pouvait pas devenir son amie comme ça ! Après tout, devenait-elle son amie ? Non. Ce n’était pas ça. C’était plus compliqué. Ils étaient censés se haïr au plus profond de leurs âmes aux yeux du monde entier et ils étaient là, dans un coin tranquille, à se lancer de l’herbe et à se chatouiller comme deux enfants.

Hermione se sentit gênée tout à coup, presque honteuse. Ses joues étaient rosies par le fait de rire ainsi que par le vent, mais aussi par la gêne. Gêne d’avoir tant rit avec un garçon qui au final lui était presque inconnu, d’avoir été si proche de lui pendant ce court instant, d’avoir trahi pendant ce même moment ses amis, mais surtout gênée de... de quelque chose de très dur à définir en fait. Elle détourna le regard et attrapa l’une de ses mèches de cheveux... pleine de brins d’herbe. Hermione entreprit d’enlever toutes l’herbe de ses cheveux, oubliant le pissenlit. Elle était légèrement décoiffée, mais ce n’était rien. Elle épousseta sa robe elle aussi pleine d’herbe. Dis donc ! De vrais enfants. Elle n’ignorait pas Malefoy, mais était perdue dans ses pensées, remords comme gêne. Elle finit par relever les yeux vers lui. Ayant toujours un demi sourire qu’elle n’arrivait pas à faire partir. Qui aurait cru que ces deux êtres si différents puissent s’amuser ensemble ? Sans se moquer ou s’insulter. Un amusement saint, presque amical, franc. Personne ne l’aurait cru, Hermione la dernière. C’était ça qui la faisait sourire entre autre.

-"Je... "

Hermione ne savait pas trop quoi dire après ça en fait. Une légère bourrasque vint alors faire s’envoler et virevolter brins d’herbes et pissenlit autour d’eux, et ondoyer les cheveux d’Hermione.

-"Je ne sais pas ce qui m’a pris..." finit-elle.

Hermione avait ressenti comme le besoin de se justifier. Elle avait de nouveau baissé les yeux. Elle ne regrettait cet unique moment d’amusement depuis des mois, mais elle en était affreusement gêné. Si cela aurait eu lieu avec ses amis, elle n’y aurait rien vu de mal, mais là, c’était Malefoy ! En pensant à ses amis... elle n’osait imaginer la tête de Ron s’il apprenait ça. Il serait sûrement capable de tuer Malefoy et de faire la tête à Hermione jusqu’à la fin de leurs jours... mais de toute manière, Ron n’était pas là, et elle ne l’avait pas revu depuis plus de deux mois à présent. Elle ne lui devait rien. Hermione releva les yeux vers Malefoy, et fut surprise de voir que...

(hi hi hi tit suspense à toi d’inventer )

Hermione releva les yeux vers Malefoy au son de sa voix et fut surprise de le voir avancer vers elle. Elle eut un léger mouvement de recul, mais quelque chose en elle lui dit de ne pas s’inquiéter. La confiance s’installait-elle ? Vu la question de Malefoy, lui, semblait savoir. Du moins, il faisait comme s’il savait. Savait quoi au juste ? Ce pourquoi ils s’étaient comportés comme des enfants, comme des personnes que rien ne séparait, comme des amis potentiels, comme deux êtres humains tout simplement... Hermione eut de nouveau un sourire en voyant celui de Malefoy. Elle avait tout de même réussi à le faire rire. Elle aurait même juré avoir vu une larme de rire perler à ses yeux, bien qu’elle ne pouvait le prouver. Sans son masque, Malefoy était quand même un garçon tout ce qu’il y avait de plus ... de plus quoi ? Hermione était à moitié dans ses pensées lorsque Malefoy arriva à sa hauteur et lui fit un baiser sur la joue. Oui Malefoy était beaucoup plus sympathique lorsqu’il se montrait au grand jour... QUOI ? ! Un baiser sur la joue ? ! De Malefoy ? ! A Hermione Granger ? ! Hermione sursauta à ce contact et le regarda d’un air plus que surprise. Elle rougit presque à son clin d’œil et ses paroles. Non, impossible, elle avait dû recevoir une bonne dose de sortilège de confusion. Elle ne voyait pas d’autre explication. Drago Malefoy, certes son allié depuis quelques semaines, mais néanmoins son ennemi de toujours, fils d’un horrible mangemort, Serpentard, venait de l’embrasser elle, Hermione Granger, fille de moldus , miss-je-sais-tout, meilleure amie de son ennemi juré, Gryffondor, sur la joue. Elle était sous le choc.

Hermione avait du mal à réaliser ce qu’il venait de se passer. Elle sentit comme une chaleur lui monter aux joues tandis qu’elle assimilait tout cela. Elle rougissait, elle le sentait. Pourquoi ? Tiens, ça faisait longtemps. Malefoy avait un don pour faire venir cette simple petite question à l’esprit d’Hermione. Pourquoi... un simple mot, qui soulevait tant de questions, tant de non-dit tant de choses cachées, tant de choses niées... une simple question, à laquelle il était très dur de répondre Hermione, pourtant douée pour répondre à toutes sortes d’énigme était incapable de répondre à ce simple pourquoi. Son rythme cardiaque s’était accéléré mais elle n’y prêta pas attention. Ils étaient quittes, avait dit Drago. Sans savoir pourquoi, elle voulut lui cacher sa gêne, peut-être un peu tard mais il n’était jamais trop tard pour se rattraper. Elle se sentait comme une enfant prise en faute après une bêtise. Ici, la bêtise était le rapprochement entre eux peut-être trop grand à son goût... du moins, au goût de sa raison, et la gêne indéchiffrable qu’elle éprouvait concernant de petit baiser. D’autant plus qu’il ne devait rien signifier pour Malefoy, alors pourquoi en faire tout un plat ? Hermione leva alors les yeux au ciel d’un air agacée , après quoi elle regarda obstinément le sol.

-"N’importe quoi... je ne vois pas de quoi tu parles." Dit-elle d’un ton peut-être un peu trop sec à son goût.

Hermione ne voulait pas se braquer, mais c’était la seule façon de cacher sa gêne à Malefoy. Elle culpabilisa aussitôt. Malefoy ne comprendrait sûrement pas sa réaction. Il n’avait rien fait de mal, au contraire, pour une fois, il avait vraiment été lui-même et ils avaient rit ensemble. Où était le mal ? Ou plutôt... ou n’était pas le mal alors qu’autour d’eux un monstre était au pouvoir, des gens se faisaient tuer ou torturer, chacun de leur proche était en danger imminent... le monde était déchiré et eux, alors que tout les séparait, riaient ensemble. N’était-ce pas paradoxal ? Mais depuis quand Hermione prêtait-elle attention à ce que l’on pouvait penser d’elle... ce n’était certes pas son genre, mais là c’était différent. C’était Drago Malefoy. Malgré leur alliance, s’il y avait bien une personne avec qui elle devait garder ses distances, c’était bien lui, et sa raison la supplier de faire en sorte de rester loin de lui. Lui-même n’était pas dangereux, mais son monde à lui était dangereux, et tout ce qui pourrait se passer s’ils se rapprochaient et devenaient... amis ? Ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs... La raison d’Hermione lui disait qu’il valait mieux ne pas tenter le diable, mais après ce moment, elle ne pouvait s’empêcher de vouloir le connaître mieux. Un rude combat s’engageait dans l’esprit d’Hermione entre sa raison et autre chose ... Elle devait tout d’abord s’excuser. Son comportement était stupide.

-" Désolée, je ne voulais pas te parler sèchement je ne sais pas ce qui..." elle s’interrompit avec un sourire d’excuse, elle allait se répéter. "Je ne sais pas ce qui m’a pris."

Et dire qu’habituellement, elle gardait toujours le contrôle de ses gestes, ses actes et ses paroles. Là, elle n’était plus maîtresse d’elle-même Son instinct, du moins, la partie raisonnable de son instinct lui faisait des grands signes d’alerte lui disant de ne pas s’approcher d’avantage, qu’elle était en terrain glissant, mais elle s’y avançait malgré tout, obéissant à une partie d’elle-même qu’elle avait souvent fait taire par le passé... cette même partie qui autrefois la faisait se comporter différemment avec Ron... Non ! Ce n’était pas du tout ça. Elle essayait simplement d’avoir sa confiance, n’est-ce pas ? Ce n’était qu’un question de confiance. Une confiance récemment née qui devait faire ses preuves et grandir dans l’adversité. Malefoy l’avait pas de nombreuses fois défendue contre les autres, que ce soit sa tante, sans qu’elle en s’en rende compte bien sûr, ou même ses camarades de dortoir, autres que Zabini bien sûr. Ils avaient pourtant grandi ensemble et c’était sa défense à elle qu’il avait pris, leur interdisant de la toucher. Hermione se souvenait du jour où elle avait accepté de lui faire confiance, il avait empêché de justesse Crabbe de lui donner une gifle qui lui aurait certainement brisé la mâchoire, alors qu’elle venait de lui tenir tête comme toujours. C’était étrange tout cela, comme si le destin se riait d’eux... Et pourtant... Hermione faisait donc un sourire d’excuse à Drago. Et soudain, une drôle de sensation l’envahit, et sans savoir pourquoi, elle lui fit un baiser sur la joue à son tour. Comme ça, sans crier gare . Elle ne savait pas pourquoi elle avait fait ça, pour s’excuser sans doute, mais y avait-il autre chose ? Elle l’ignorait. C’était bien là le problème. Sa raison était incapable de l’empêcher d’agir selon son instinct et encore plus d’expliquer ce qui lui arrivait. Pourtant elle ne lui avait jamais fait faux bond auparavant et là, elle l’abandonnait lâchement comme si elle était vexée qu’Hermione ne suive pas ses conseils. Hermione fit un sourire à Drago à son tour.

-"A présent, nous sommes quittes." Dit-elle, suivant encore cette impulsion dont elle ignorait le sens.

Hermione ressentait toujours cette même gêne, d’autant plus fortement à présent, mais n’y prêtait pas attention. Elle regard Malefoy dans les yeux, lui souriant sincèrement. Quelque chose d’étrange se passait. Quelque chose d’important... un simple moment, une confiance, des rires, un sourire, un baiser, même sur la joue, cela pouvait faire beaucoup, et changer de nombreuses choses... mais cela pouvait avoir aussi des conséquences beaucoup plus graves... Mais pour l’instant en ce simple instant pourtant si spécial, Hermione faisait fît des conséquences. Advienne que pourra...

Hermione avait relevé les yeux vers Malefoy, bien qu’avec timidité. Il prit la parole pour qu’elle lui confirme qu’elle lui devrait bien un gage. Encore un enfantillage entre eux, mais Hermione doutait fort qu’il sache à quoi elle avait bien pu penser, malgré son air rusé qui n’avait rien de rassurant... enfin, pas dans le sens qu’il lui faisait peur, loin de là, il n’y avait plus de rapport de force entre eux depuis qu’ils étaient alliés, en quelque sorte. Hermione eut un sourire en coin, pas moqueur, mais plutôt un sourire de défi... mais amical, cette fois-ci, en réponse au sourire malicieux de Malefoy. Hermione en oublia ses interrogations précédentes, qui étaient pourtant assez importantes, pour se demander ce que cachait cet air malicieux, et les étincelles dan les yeux de Malefoy.. Il semblait bien sûr de lui... Hermione ne regrettait cependant pas son idée de gage, car cela l’étonnerait fortement qu’il devine juste. Elle se demandait cependant s’il n’avait pas déjà eu une idée du gage qu’elle devrait accomplir... au vu de son air malicieux, il devait réparer quelque chose, mais quoi ? Là était la question. Hermione lui lançait un regard inquisiteur pour essayer de comprendre, mais il était impossible de deviner ce qu’il préparait. Elle leva les yeux au ciel, puis le regarda à nouveau avec un sourire sûr d’elle. Il était impossible qu’il devine, et comme il l’avait si bien dit, elle n’avait qu’une parole... Enfin... il avait quand même deviné qu’elle n’avait qu’une parole... Quoiqu’il en soit, Hermione acquiesça.

-"A condition que tu ne dépasses pas les bornes en choisissant ton gage, oui, j’accepte. Comme tu l’as dit, je ne reviens jamais sur ma parole." Assura-t-elle, loin d’être inquiète.

Hermione croisa alors les bras d’un air impatiente d’entendre ce qu’il avait à dire. Elle ne s’attendait pas le moins du moins à ce qu’il touche juste. Zut, elle aurait dû dire que lui aussi aurait droit à un gage s’il se trompait. Elle aurait dû y penser avant. Tant pis, les dés étaient jetés. Et dire qu’elle faisait une sorte de pari avec Malefoy ! Toujours ces mêmes pensées qui l’envahissaient, des enfantillages, mais de bon moments, des instants précieux, qui la déchiraient de toute part. Entre ses amis et l’instant présent. Drago n’était pas quelqu’un de profondément mauvais, sinon, jamais ils n’auraient eu ces instants de... de bonheur oui. Non, il était quelqu’un de bien, seulement, le monde des sorciers ne le savait pas, et ses amis non plus. Seuls Zabini et elle-même le savaient à présent. Tiens, ne l’avait-elle pas appelé Drago en pensée ? Qu’est-ce que ça changeait de toute manière ? Des tas de choses, cependant, ce n’était pas le bon moment pour y penser. Hermione sortit de ses pensées qui allaient recommencer à la submergé, comme un impitoyable cercle vicieux, en entendant la voix de Malefoy. Elle se concentra sur ses paroles, le regardant dans les yeux. Elle haussa un sourcil, puis deux, et finit bouche bée... enfin, intérieurement, car si son étonnement était visible, elle n’en était pas encore à gober des mouches. Comment avait-il pu deviner ? Etait-il Légillimens ? Non, Harry lui avait parlé de ses séances d’occlumancie, lorsque quelqu’un utilisait la légilimencie sur soi, on le sentait et revoyait dans notre tête ce que la personne cherchait à savoir... Commençait-il alors à la connaître vraiment ? Où bien était-ce elle qui était si prévisible que même son ancien ennemi pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert ? Quoiqu’il en soit, Hermione était impressionnée. Il avait touché dans le mille. Même si cela la gênait de l’avouer, car, ne comprenant pas elle-même pourquoi elle faisait toute une histoire pour si peu, que Malefoy le sache la rendait encore plus mal à l’aise. tiens, elle le rappelait Malefoy à présent ?

-"Je dois avouer que tu m’épates... comment l’as-tu su ?" répondit-elle, ébahie.

En même temps, il fallait dire qu’Hermione n’avait pas l’habitude d’être entourée de garçons qui comprenaient quoi que ce soit à ce que pouvaient penser les filles. Ron et elle avait passait de longs moments à se chamailler à ce propos et Harry et lui n’avaient de cesse de lui répéter qu’elle devrait écrire un livre sur les filles et leurs façons d’agir et de penser. Que Drago Malefoy, son ennemi ait réussi à lire clair en elle en était d’autant plus surprenant. La seule hypothèse sur la façon dont il avait fait pour deviner qu’elle n’avait pas envisagée lui vint alors à l’esprit : peut-être que lui, avait passé du temps à l’observer et à faire attention à ses faits, gestes et paroles... contrairement à Harry et Ron... Tout simplement. Et pourtant, cela compliquait encore plus les choses. Et ce qui la gênait d’avantage encore, c’était ce quelque chose qu’elle avait ressenti en l’entendant répondre d’un air compréhensif et doux... Ce n’était certainement pas Ron qui lui aurait parlé de cette façon, lui, aurait plutôt pesté en répondant quelque chose comme « je suis pas Trelawney, je peux pas deviner ». C’était drôle, Drago et complètement l’opposé de Ron et pourtant elle ressentait... Non, rien à voir. Oublie ça, Hermione. Ses joues n’étaient plus que légèrement rosies, mais Hermione était toujours autant gênée par la situation. Quand elle comprendrait ce qu’il se passait, peut-être arrêterait-elle enfin de rougir pour un rien et d’être gênée.... peut-être... ou alors, mais, ça, elle ne s’en doutait pas le moins du monde, tout ne ferait que se compliquer d’avantage et d’avantage. Elle était comme prise dans un abîme sans fond, creusé par le destin, qui se riait d’elle en la voyant chuter, mais ça, ni Hermione , ni qui que ce soit d’autre ne pouvait le deviner. Hermione lança à Malefoy un regard désabusée. Il fallait qu’elle accepte son gage à présent.

-"Très bien, j’avoue que tu ne t’es pas trompé... quel est mon gage alors ?" demanda-t-elle, résignée.

Hermione attendit, le regardant. Elle vit qu’il regardait en direction des fleurs. Il semblait aussi pensif qu’elle. Mais que pouvait-il se dire ? Hermione espérait qu’il n’interprétait pas mal ces fleurs qui n’étaient qu’un accident magique sans signification... n’est-ce pas ? Elle aurait tant aimé pouvoir lire en Drago autant qu’il lisait en elle. Mais ce n’était pas si simple. Et pourtant, elle avait toujours compris en un regard les pensées de ses amis, mais là, tout était différent. Il releva alors la tête vers elle, lui proposant de s’appeler mutuellement par leurs prénoms. Là, Hermione était bouche bée. Elle ne s’attendait pas du tout à ce genre de proposition. Appeler quelqu’un par son nom, cela ne signifiait pas grand chose pour quiconque en temps normal. Mais là, eux qui s’étaient toujours haï en faisant transmettre leur mépris par la prononciation des noms de famille de l’un et de l’autre, s’appeler par leur prénom chamboulait tout. Mais après tout, Malefoy avait prouvé qu’il arrivait à la comprendre, la confiance était possible, et, comme il l’avait dit, maintenant, ils étaient sur le même bord... quel mal y avait-il à l’appeler par son prénom ? Hermione connaissait la réponse, elle consistait dans le prénom de ses deux meilleurs amis, mais malgré cela, elle hocha doucement la tête et répondit d’une vois aussi petite que celle de Malefoy en lui posant la question.

-"Je... je suis d’accord Mal... Drago." Répondit-elle.

Waouh, cela faisait beaucoup plus bizarre qu’elle ne l’aurait pensé. Bien sûr, elle imaginait qu’elle ne devrait jamais l’appeler ainsi devant les autres mais cela scellait pour de bon leur trêve et leur alliance. L’appeler par son prénom, le chatouiller, rire avec lui, lui sourire, l’embrasser sur la joue... à quoi jouait-elle avec Drago ? Elle ne pouvait nier qu’ils venaient de se rapprocher d’un grand pas, mais n’était-ce pas au contraire ce qu’ils auraient dû éviter ? Seul l’avenir pouvait le dire... En attendant Hermione sentit son cœur un peu plus léger en prononçant le prénom de Malefoy, et encore une fois, elle était incapable d’en expliquer les raisons...

Hermione voyait bien que Drago ne démordait pas de son air malicieux. Et après tout, il avait vu juste. Mais au moins, il lui avait assuré qu’il ne dépasserait pas les limites. Curieusement, en pensant aux dites limites, Hermione n’avait même effleuré l’idée d’une humiliation, mais plutôt d’autre chose qui avait un rapport avec ce qui s’était passé... Et cette idée la gênait d’autant plus. Drago n’y avait certainement pas songé une seconde. Et elle, s’imaginait tout et n’importe quoi pour un simple baiser sur la joue. Il fallait qu’elle se reprenne et vite. En même temps, la réputation de Drago auprès des filles le précédait et elle savait qu’il était sorti avec beaucoup de fille. De toute manière, il avait assuré qu’il ne ferait rien de déplacé, et elle en était soulagée. Elle ne savait vraiment plus quoi penser, et était toujours aussi curieuse de savoir en quoi consistait son gage. Elle n’avait jamais parié auparavant, enfin, jamais en échange de gage ou autre chose. Elle n’avait jamais été très puérile et les enfantillages n’étaient pas son truc. Or, là, tout était différent, ces enfantillages étaient loin d’être puérils, pour commencer. En effet, lorsque l’on se permettait de rire et de baisser sa garde face à un ancien ennemi tout en acceptant de lui donner une autre chance, cela n’avait rien de puéril, c’était au contraire très mature. Cela prouvait qu’ils s’acceptaient désormais au lieu de se méprisait... et peut-être un peu plus même... Mais ça, il valait mieux ne pas y penser. Drago lui expliqua alors comment il avait fait. A l’entendre, on aurait dit que c’était simple, pourtant Harry et Ron, eux avaient toujours été incapable de « lire entre les lignes », pour reprendre les paroles de Drago. C’étaient pourtant ses meilleurs amis... peut-être plus en ce qui concernait Ron... Quoique, tout avait changé à présent. Hermione restait impressionnée par la performance de Drago. Il avait même eu la franchise de lui dire qu’il essayait de la connaître et Hermione se sentit rougir à nouveau. Etait-ce ces paroles, le fait qu’un garçon essaye de la connaître vraiment simplement en l’observant, ce sourire, ou encore toutes ses raisons cumulées par Drago Malefoy qui la faisaient rougie autant ? Quel était ce pincement au cœur ? Quelle drôle de sensation... Hermione se sentait à la fois légère et gênée. Ce que cela pouvait bien signifier ? Elle n’en avait toujours pas la moindre idée. Mais d’une façon ou d’une autre, cela la touchait beaucoup plus qu’elle n’aurait pu s’y attendre que Drago ait cette attention, la simple envie de la connaître d’avantage. Pourtant, une partie de son esprit, plus raisonnable, lui disait que c’était simplement pour son plan, et cette idée déplaisait à Hermione. Ca, par contre, il ne l’avait pas deviné, et heureusement d’ailleurs, Hermione n’aurait pas osé le regarder en face... Il se serait peut-être moqué d’elle , en plus... non, elle le savait à présent, la moquerie n’était plus, ou plutôt n’était pas le genre de Drago. Comment un garçon qui pouvait avoir un sourire si doux avait pu se montrer aussi méchant avec elle par le passé ?

-"Pourtant, tu es bien le premier à lire aussi facilement en moi..." dit-elle d’une voix douce, qui trahissait une certaine émotion indescriptible, proche de la déception et de la reconnaissance à la fois.

Déçue ? Oui elle l’était, par rapport au fait que ses deux meilleurs amis, dont celui avec qui elle avait pendant un temps espéré passer le reste de ses jours, eux, pour qui elle aurait donné sa vie, n’avaient jamais été aussi attentif à elle, à ses sentiments. Harry l’était déjà un peu plus que Ron, mais comparé à ce qu’avait réussi Drago, ce n’était rien. Ron, quant à lui, malgré ses côtés adorables, n’avait jamais perdu une occasion de lui faire du mal à sa façon, en se montrant grossier, en s’affichant avec Lavande juste sous ses yeux et son cœur brisé... D’ailleurs, ce n’était que lorsqu’il avait compris la stupidité de ses actes qu’il avait repris contacte avec Hermione... pas parce qu’il avait pris en compte le mal qu’il lui faisait... En y pensant, Hermione ressentit de la colère par rapport à Ron. Pourquoi Ron n’avait-il jamais voulu vraiment la connaître ? Du moins, pas autant que ce que venait de faire Drago ... Et pourquoi Drago le faisait, lui ? Après tout leur alliance ne les y obligeait pas... sa raison le démentait, mais Hermione préférait y croire un peu. Pourquoi ? Peut-être parce que pour une fois, un garçon faisait vraiment attention à elle... ou peut-être parce que c’était ce garçon qui faisait attention à elle... Une très faible nuance qui changeait pourtant tout. Oui, Hermione était déçue qu’en dépit de leur amitié de très longue date, Harry et Ron n’aient jamais réussi à la comprendre vraiment, ce qu’avait fait Drago... et pourtant, lui, avait été son ennemi pendant des années et n’était son allié que depuis quelques semaines. En y pensant, Hermione sentait mise à nue. Il arrivait à la comprendre en observant ses faits et gestes, mais elle, n’en était pas capable... pas encore, mais d’un côté, lui, avait toujours caché sa personnalité, contrairement à elle. Enfin, à présent, s’il essayait de la cachait, c’était plutôt raté... En ce moment de tranquillité qui resterait un beau souvenir, malgré tout, Hermione avait vu des aspects insoupçonnés de la personnalité de Drago. Et ce qu’elle avait vu lui plaisait. C’était comme si elle découvrait un autre Drago. Souriant, rieur, farceur, malicieux et attentif... Cet aspect, elle ne l’avait jamais vu avant, et rares devaient être ceux qui connaissaient ce Drago... elle se sentit comme privilégiée. Si seulement il avait pu être ainsi dès leur première année, ils auraient pu être amis... Et si ceci semblait compromis à présent... ils pourraient tout de même être autre chose que des amis, des alliés ? Non, autre chose encore... A quoi penses-tu Hermione ? ! Détourne toi de cette pente dangereuse qui risque de t’emporter dans une roue infernale ! Tous les rouages étaient en place et la machine infernale tu destin allait entrer en marche... et Hermione était encore loin de s’en douter...Malefoy... non, Drago, lui proposa alors de lui proposer des idées de gages... quelle idée ! Comment voulait-il qu’elle trouve ? Et puis, si c’était elle qui lui proposait, cela enlevait tout ce qui faisait qu’un gage était un gage... bon bien sûr, cela l’arrangerait d’avoir une idée à proposer, mais Hermione n’en avait pas, et était trop honnête pour enlever tout au gage qui avait été mérité par la performance ahurissant e de compréhension dont avait fait preuve Drago.

-"Désolée Mal... euh, Drago, mais je n’ai aucune idée de gage, et puis, ce n’est pas du jeu si c’est moi qui te propose des idées." Répondit-elle avec un sourire, ayant encore du mal à l’appeler par son prénom. "Je te dois un gage, à toi de le trouver."

Sur ce, sur une impulsion du même genre que celle qui avait poussé Hermione à rendre son baiser sur la joue à Drago, elle lui tira la langue. Cela ne lui ressemblait pas, habituellement, elle était plutôt sérieuse et calme... mais encore une fois, tout était différent avec Drago. Oui, différent. C’était bien le mot qui les caractérisait tous les deux. Différents. Presque opposés, même, mais cela, ils ne l’étaient plus depuis qu’ils avaient passé ce pacte et qu’il riaient ensembles... Ils étaient à présent opposé dans tout, sauf leurs convictions, qui étaient autrefois un des deux plus grands barrages entre eux, mais ce barrage avait été démoli, il n’en restait qu’un qui lui serait plus difficile à dépasser : leur entourage, leurs amis, leur famille... Ca , ni l’un ni l’autre ne pourrait le renier, mais leurs entourages respectifs eut pouvaient les renier s’ils apprenaient qu’ils avait simplement partagé un éclat de rire, partagé un baiser même sur la joue... Ô, cruel destin, à quoi joues-tu avec nos deux jeunes gens ? Si des obstacles entre eux tel leur noms de famille ou leurs convictions étaient franchis, ceux qui restaient se faisaient plus durs et dangereux à franchir. Hermione, qui, après lui avoir tiré la langue, souriait à Drago, aurait pourtant bien aimé franchir ses barrages, mais d’un autre côté, ils lui semblaient toujours plus imposant en y repensant. Elle imaginait les regards dégoûtés de Ron, la colère d’Harry, l’incrédulité et la déception de Ginny... elle revoyait dans sa tête l’air incrédule de Ginny lorsqu’elle lui avait dit que Drago était de leur côté, juste avant que Lestrange n’arrive dans la salle sur demande... Qu’est-ce que ce serait si elle était mise au courant de ce qui s’était passé en cet après-midi d’automne ? Elle aussi refuserait certainement de lui parler... Et ses amis de l’AD ? Neville ? Luna ? Ils la prendraient certainement pour une traîtresse... cela valait-il la peine de risquer de perdre tous ses amis pour se rapprocher de Drago ? Mais après tout, ils n’avaient pas à lui dire avec qui s’entendre ou pas... Mais s’étaient ses amis et elle ferait tout peur eux. Elle sentait cependant que quelque chose de spécial se passait en ce moment même en elle, et Drago n’y était pas étranger. Que faire ? Que choisir ? Comment choisir ? Devait-elle choisir ? Hermione était tiraillée de toute part. Et pourtant, elle souriait à Drago. Ce n’était pas un sourire hypocrite, non, son regard chocolat était le témoin du combat intérieur en Hermione, mais son sourire était la preuve qu’elle voulait malgré tout profiter un maximum de ce si bel instant avec Drago. Elle ne s’était pas sentie aussi bien depuis longtemps, et c’était grâce à lui, il n’y était pour rien et il méritait le sourire qu’elle lui dédiait. Drago la rappela alors à la réalité en développant sur leur décision de s’appeler par leur prénom. Et il l’avait appelée Hermione...

-"Oui, tu as raison, ce serait vraiment trop suspect si on s’appelait par nos prénoms en public." Approuva-t-elle, d’un air plus sérieuse, bien qu’elle ne parvenait pas à effacer complètement son sourire.

Il l’avait appelée Hermione ! Elle ressentit comme un frisson de joie... Il l’avait bien appelée Hermione ! Hermione, son prénom ! Elle l’entendait depuis qu’elle était née, ce prénom, et pourtant c’était la première fois qu’elle trouvait qu’il sonnait aussi bien... Peut-être parce qu’elle n’avait pas l’habitude que Drago l’appelle ainsi... ou peut-être que c’était tout simplement parce que lui , l’appelait ainsi... Tiens, à lui aussi, ça lui faisait bizarre... Sûrement une question d’habitude... Non, en fait non, pas du tout. Il n’avait pas une façon si spéciale de prononcer son prénom, mais le fait qu’il l’ait prononcé lui avait procuré une joie indescriptible. Et à lui aussi, ça lui faisait bizarre... étrange coïncidence... Hermione souriait toujours, tandis qu’une brise vint de nouveau faire voleter quelques mèches de ses cheveux bouclés, et ondoyer les fleurs rouges créées accidentellement par Hermione. La jeune fille regarda les fleurs, tandis que son prénom prononcé par Drago raisonnait dans sa tête, se sentant légère, bien, et ce sourire qu’elle ne parvenait pas à effacer. Une pensée lui vint. Non, ce ne pouvait pas être ça. Non ! ce n’était pas ça. Impossible, pas Malefoy... Drago. Elle eut presque envie de rire tant cette hypothèse était ridicule, ça n’avait certainement rien à voir, ce n’était que des coïncidences. Rien de plus. Elle en était convaincue... Convaincue, certes, mais pas persuadée.

-"Pour être, franche, ça me fait drôle aussi... Drago." Ajouta-t-elle, plaçant son regard chocolat sur le regard gris de Drago.

Hermione ressentit de nouveau cette drôle d’impression en prononçant son prénom. Non, décidément ce ne pouvait pas être ça. Elle enfouissait déjà cette hypothèse dans son inconscient. Après tout, ils passaient un moment agréable tous les deux, pour la première fois, ce n’était pas le moment de se torturer l’esprit, surtout pas pour des hypothèses ridicules et qu’elle devait être la seule à envisager... et craindre. Pas vrai ?[b]

C’était ridicule... C’était pitoyable... C’était pathétique. Le destin se riait bien d’eux. Et quelqu’un venait d’enclencher son terrible engrenage. Hermione se battait toujours intérieurement, et Drago faisait de même, à l’insu de la jeune fille. Tous deux ignoraient ce que le destin leur réservait. Dans ses cruels rouages, il n’y avait plus de place au hasard. Il avait tout préparé. Tout pour les séparer, tout pour les réunir dans l’adversité, alors que chacun d’eux représentait cette même adversité pour l’autre. C’était ce même destin qui avait fait en sorte que Malefoy se forge cette carapace qui les empêchait de se connaître, qui avait fait qu’Hermione le détestait. C’était encore lui qui avait fait que Voldemort était revenu. Toujours lui qui avait fait que Sirius était tombé à travers le voile, que Dumbledore soit tombé de cette tour, en partie à cause du jeune homme assis en face d’Hermione. Et encore et toujours ce funeste destin qui avait fait qu’une jeune fille née de moldus ait eu de la magie dans les veines et que Drago soit né dans une des pires familles au sang Pur, qui l’avait envoyée à Gryffondor et Drago à Serpentard, qui l’avait liée d’amitié avec Harry et Ron et qui avait placé Drago comme le prince des Serpentard, qui avait donné une place a Hermione au sein de l’AD et du côté de l’Ordre du Phénix et Drago comme chef de l’Armée de Voldemort, futur mangemort malgré lui. Enfin, Voldemort avait ajouté sa touche de cruauté pour aider le destin, et avait déclaré Hermione comme l’esclave de Malefoy. Et tous deux étaient à présent plongés dans ce triste engrenage qui ne les épargnerait pas. Ils ne faisaient rien pour s’épargner. Cette force mystérieuse se jouait bien d’eux, et eux, ne s’en doutaient même pas, comme des marionnettes dociles, ils pouvaient toujours lutter, du moins, ils pouvaient essayer, mais tout comme le Survivant et le Seigneur des Ténèbres ne pourraient échapper à la fin que leur imposait la prophétie de Trelawney, ni Drago, ni Hermione ne pourraient empêcher ce qui naissait entre eux. Certains appelleraient cela de la folie, d’autres de l’amitié, d’autres encore appelleraient cette force la magie, mais cela portait un autre nom, lié à chacun de ces éléments. C’était bel et bien de la folie, c’était bel et bien de l’amitié, c’était bel et bien de la magie, c’était bel et bien le destin... mais c’était surtout de l’amour. Comment ça de l’amour ? Entre ces deux antagonistes qui avaient autrefois tout pour se haïr ? Mais vous oubliez un détail, oui, ils se haïssaient, et pour se haïr, ce n’était pas une haine viscérale, non, c’était une haine qui venait du cœur... ils se haïssait de tout leur cœur. Et à présent que des barrières tombaient entre eux, leur cœurs allaient être touchés d’une nouvelle passion. Passion au sens propre du terme, car que ce soit en se haïssant ou en éprouvant autre chose, Drago et Hermione finiraient toujours par en souffrir. La souffrance était inscrite dans leur destin telle une marque au fer blanc sur une peau blanche et douce... Ils n’y pouvaient rien, ils ne l’empêcheraient pas, cela venait à grand pas, tout était scellé, et ils ne se doutaient de rien. L’archer était prêt, la corde de l’arc tendue, la flèche en place, et l’archer lâcha. La double flèche les frappa en plein cœur, mais la blessure allait mettre du temps à s’ouvrir... Ils ne s’en rendraient pas compte immédiatement, mais ils avaient été touchés... en plein cœur.

Totalement inconsciente de tout ce qui se jouait, Hermione avançait tête baissée. Métaphoriquement, bien sûr, puisqu’elle était toujours assise dans l’herbe dans ce coin si tranquille où Drago l’avait emmenée, à le regarder avec cet ineffaçable sourire aux lèvres. Hermione se demandait encore pourquoi il l’avait emmenée ici, dans son coin secret, son jardin secret en quelque sorte. Dans les textes, elle restait son esclave, et rien dans leur alliance ne le forçait à lui faire vivre de bons moments malgré tout, c’était déjà bien qu’il fasse en sorte qu’elle ne souffre pas. Qu’il l’emmène ici pouvait avoir bien des significations mais une surtout venait à l’esprit d’Hermione, et aussitôt, elle la démentait. Impossible, se disait-elle, ce ne pouvait pas être ça. C’était drôle tout de même en y pensant... si Harry n’avait pas pris la décision de partir sans crier gare, sans Ron et elle, Hermione n’en serait sûrement pas là, dans le parc, à rire et à parler de choses et d’autres avec Malefoy, d’avoir des gestes et des paroles qu’elle n’aurait jamais pensé avoir face à lui. Elle serait avec Harry et Ron, à chercher les Horcruxes, à risquer sa vie, à tenter de les détruire, et peut-être serait-elle avec Ron. Ron... il ne lui avait rien fait de mal, mais étant absent, Hermione se sentait de plus en plus loin de lui. Il était pourtant ici, à Poudlard, à ce que lui avait dit Ginny. D’autant plus que Drago, lui, faisait des efforts que Ron n’avait jamais fait... jamais elle n’avait été aussi proche de Ron que de Drago à ce moment là, autant physiquement que mentalement... ou plutôt jamais Ron n’avait été aussi proche d’elle que l’était Drago. Car Hermione, elle, n’arrivait pas à lire clairement en Drago, alors qu’en Harry et Ron, c’étaient deux livres ouverts pour elle... Ce côté mystérieux de Drago était loin d’être repoussant... Hermione se donna une gifle mentalement. Mais à quoi pensait-elle ? ! Hermione ! Non ! Ca suffit à présent reprends-toi ! Que fais-tu d’Harry et Ron ? ! Mais ce n’était pas avec eux, qu’elle était en ce moment même. C’était avec Drago. Drago qui, une fois encore cherchait à la comprendre, même s’il avait tout l’air d’avoir perdu de son assurance. Qu’avait-il ? Hermione crut déceler une étrange expression d’étonnement mêlé à autre chose, qu’elle ne saurait décrire. Qu’avait-il, tout à coup ? Hermione écouta ses paroles et se demanda pourquoi il disait ça. Bon, d’accord, elle se sentait assez gênait et comme mise à nue par les observations de Drago, mais elle n’avait rien dit qui pourrait montrer que ça lui déplaisait, au contraire, elle lui était reconnaissante de savoir lire en elle et de lui porter cette attention... Mais elle ne pouvait nier qu’il était craquant comme ça, son air peur sûr de lui en ce moment contrastait fortement avec son habituel air arrogant... Comment ça, craquant ? Pas du tout, c’était Ron qu’elle trouvait craquant, Ron, pas Malefoy... Drago ! elle se mordit la lèvre inférieure. C’était touchant, qu’elle le veuille ou non. Mine de rien, Drago l’avait protégeait, l’avait faite rire malgré les circonstances, avait réussi à lui faire oublier l’obscurité du monde alentour, qui avait su lire en elle, et qui enfin... la touchait. Pas seulement physiquement avec leur chatouilles et leurs baisers sur la joue, mais beaucoup plus profondément. Mais ça, elle ne voulait pas se l’avouer. Cela impliquerait beaucoup trop de choses qu’elle ne se sentait pas la force d’affronter.

-"Non, non, ce n’est pas ça du tout, au contraire j’en suis très touchée..." commença-t-elle.

Mais qu’est-ce qui lui avait pris de dire tout haut ce qu’elle REFUSAIT de penser tout bas ? Mais quelle idiote ! ce n’était pas croyable ! Il lui faisait vraiment perdre tous ces moyens !

-"Enfin, c’est juste que je n’en ai pas l’habitude... Harry et Ron n’ont jamais été aussi... attentifs à mon égard."

Et voilà qu’elle se confiait à lui. Jamais avant, depuis qu’elle avait été envoyée comme esclave chez Drago, elle n’avait abordé le sujet de Ron et d’Harry devant Drago. Bien sûr, avant, c’était parce qu’elle pensait que comme tous les mangemorts, Drago voudrait la faire parler et avouer où se cachait Harry, mais à présent, elle était sûre qu’il n’était pas question de ça. Drago n’en avait rien à faire de savoir où était Harry. Hermione en était persuadée. Mais il n’empêchait qu’elle venait de dire quelque chose d’assez personnel à Drago. D’ailleurs il n’avait pas fini sa phrase. Hermione le regarda droit dans les yeux, la couleur terre de ses yeux marrons croisèrent le ciel gris de Drago.

-"Tu avais pensé quoi ?" demanda-t-elle, pas d’une curiosité stupide, mais d’un air sérieuse, et en même temps très attentive et douce.

Hermione se demandait ce qu’il avait bien pu penser. Elle voulait savoir à son tour ce que pensait Drago. Il avait l’air si pensif... avait-il compris ce qui la gênait tout à l’heure ? Ou pensait-il à tout autre chose. C’était sûrement ça. Il n’avait pas que ça à faire de penser à elle sans arrêt, et elle, comme une idiote, elle se torturait l’esprit en pensant à lui sans cesse. Hermione sentit comme un pincement au cœur à cette pensée, une sorte de déchirement qu’elle ne pouvait exprimer, si ce n’était par le léger voile de tristesse qui passa dans son regard, mais qu’elle évacua très vite, ne voulant pas que Drago assiste à cette inexplicable mélancolie. Mais d’un côté, pourquoi faisait-il tout ça s’il n’avait rien à faire d’elle ? *Arrête ça tout de suite, Hermione, tu sais bien qu’il n’est que ton allié, pas la peine de compliquer d’avantage les choses... * pensait-elle. * Oui mais... ce n’est pas que par intérêt qu’il fait tout ça... si c’est le cas, je me serai fait des idées pour rien... mais tout de même c’est un peu rand pour agir par intérêt.* Le combat intérieur était loin d’être fini en elle. Hermione sortit de ses pensées en même temps que Drago. Elle eut un sourire en réponse à son sourire d’excuse, pour lui faire comprendre que ce n’était rien, puis un autre lorsqu’il lui dit qu’il pensait qu’elle préférerait choisir elle-même pour s’éviter quelque chose de désagréable. Elle allait répondre mais Drago continua en disant que c’était à son tour de se torturer l’esprit. Son cœur cogna plus fort que d’habitude, et Hermione tourna vivement la tête pour regarder le sol, un peu plus loin et cacher son air pensif à Drago. Oui, son trouble était à présent plus que visible en elle, que ce soit dans ses gestes, ses mots, son visage... Elle avait froncé les sourcils. Avait-elle bien entendu ? Hermione n’osait pas y croire. Il se torturait l’esprit lui aussi ? Calme, calme. Ils parlait simplement du gage... Mais un simple gage ne devait torturer l’esprit de la personne qui était chargée de le trouver... Peut-être avait-il exagéré ? Mais peut-être aussi qu’Hermione devrait mieux suivre sa première impression. Elle ressentit un vague sentiment d’espoir, mais... Oui, c’était peut-être contradictoire, mais cette espoir la plongeait dans les désespoir. Pourquoi espérait-elle quelque chose qu’elle ne devait pas même imaginer ? Non elle ne devait pas en ressentir de l’espoir, c’était tout ce qu’elle devait éviter, elle en était consciente, mais elle ne pouvait rien y faire. Elle n’avait pas le cœur de glace d’un Mangemort, ou l’âme fragmentée de Voldemort, elle ne pouvait mettre de côté ses sentiments parce qu’ils n’étaient pas bons. Hermione ne répondit rien à cela, trop troublée pour le faire. Son cœur battait toujours plus fort. Mais pourquoi, Merlin, pourquoi cela devait-il lui arriver à elle ? De toutes les filles qui avaient un jour croisé la route de Drago, n’y en avait-il pas une autre qui aurait pu... oui, ressentir des sentiments pour lui ? Beaucoup de filles étaient tombées sous le charme indéniable du blond. Et jamais Hermione n’avait souhaité en faire partie. Pourquoi donc, Merlin ? Pourquoi, Morgane ? Pourquoi, au nom de tout ce que vous voulez, pourquoi fallait-il qu’il lui arrive ce genre de chose à elle ? Et pourquoi à son égard à lui ? Tout les opposait, pourquoi eux ? Hermione jeta un rapide coup d’œil vers les fleurs qui semblèrent éclater de plus belle pendant un court instant ... puis se mirent à faner. Encore un coup de sa magie. Elle ne l’avait pas voulu. Ces fleurs venaient de montrer le désespoir que lui inspirait ce qu’elle commençait à comprendre. Il y avait des tas de choses interdites qu’elle avait enfreintes, il y avait des tas de choses qu’elle croyait impossible mais qui étaient possibles, au final. Mais là, ça dépassait tous les interdits, c’était au-delà des limites de possible, c’était tout ce qui fallait éviter et c’était ce qui lui arrivait. Qu’avait-elle donc fait à Merlin ? !En entendant la voix de Drago, elle se secoua. Inutile de désespérer, elle se faisait sûrement des idées. C’était Impossible. Point final. Elle tourna de nouveau son regard vers lui, attentive.

-" Je comprends, oui, ta tante et les futurs mangemort de l’école sans compter Volde... tu-sais-qui, se douteraient de quelque chose." Approuva-t-elle d’un air grave.

Hermione avait vraiment du mal à s’habituer au tabou. Mais heureusement, elle s’était rattrapée de justesse une fois encore. Harry était contagieux avec sa manie de prononcer le nom de V... Attendez une minute ! ! ! Drago avait bien dit que cela ne le dérangerait pas de l’appeler par son prénom en public ? Non, ses oreilles et son esprit s’étaient alliés pour lui faire une mauvaise blague... Quoique... elle n’avait aucun problème auditif et ne se souvenais pas d’avoir reçu un quelconque coup sur la tête dernièrement, au contraire, Malefoy lui en avait fait éviter un en la protégeant de la gifle de Crabbe. Il l’avait donc bel et bien dit. Non, trop de coïncidences tuait la coïncidence. Hermione retint son souffle, regardant de nouveau le sol. Un bourgeons venait de naître sur la tige de l’une des fleurs fanées. Bon ! Magie, que l’on se mette d’accord dès maintenant, tu vas me faire le plaisir de m’obéir ! Il était pourtant bien connu que lorsque la magie n’en faisait qu’à sa tête, c’était sous l’effet d’une émotion violente. Mais Hermione ne ressentait aucune émotion violente ! Aucune ! Aucune, aucune AUCUNE ! C’est clair ? Qu’est-ce qu’elle pouvait bien ressentir ? c’était de la surprise, voilà tout... rien que de la surprise. Mais pourquoi fallait-il qu’elle perde tout contrôle en étant avec lui ? Elle avait l’impression d’avoir reçu une flèche en plein cœur, mais sans en sentir la douleur... comme si un doux poison s’infiltrait en elle et prenait la possession de chacun de ses veines, de chaque mouvement de sa respiration... Elle releva timidement les yeux vers Drago et remarque son air... rêveur ? Oui, c’était bien ça, il était rêveur. A quoi pouvait-il donc rêvasser ? Hermione lui lança un regard intrigué. Elle n’en avait pas la moindre idée, à vrai dire, elle espérait juste que la partie d’elle qui espérait que cela avait un rapport avec elle avait tord. Drago repris la parole et Hermione l’écoutait à moitié perdue dans ses pensées et son combat intérieur qui faisait toujours rage.

-"Oui tout ça, c’est une question d’habitude... " dit-elle distraitement.

Hermione sentit comme une secousse et un frisson monter le long de son échine alors que les paroles de Drago l’atteignait enfin... que lui avait-il demandé ? Son cœur s’accéléra en battant si fort qu’il lui faisait mal, elle le regarda ahurie... Mais rien en elle ne montrait quelque soupçon de dégoût, car il n’y en avait aucun. Son visage trahissait une certaine envie d’exécuter sans attendre ce qu’il lui avait demandé, mais elle était sous le choc, et tentait déjà de se maîtriser un peu...

-"Quoi ?" fut tout ce qu’elle parvint à articuler d’intelligible, tandis que ses joues viraient au pourpre.

Sous le choc, elle dût prendre un peu plus appuis sur le sol. Etait-il sérieux ? Vu son air timide, il en avait tout l’air. Mais qu’est-ce que c’était que cette demande ? Un bisou... sur la joue, elle espérait. Non, c’était faux, elle espérait une autre sorte de bisou, qui signifiait tout autre chose, mais elle ne voulait pas l’avouer, et encore moins l’accepter. Comment Drago avait-il pu demander cela ? Elle ne lui en voulait pas, au contraire mais... si ! Elle lui en voulait ! Il n’avait pas à dire tout haut ce qu’elle espérait tout bas ! Elle était devant le fait accompli à présent, pétrifiée, ne sachant pas quoi faire. Ce n’était pourtant rien un bisou... enfin, pour quiconque n’était pas dans sa situation. Pour elle, un bisou, à Drago Malefoy, c’était sceller non seulement leur confiance, mais aussi cette chose qui l’entraînait petit à petit sans qu’elle ne puisse lutter. Un bisou, un mot si mignon et enfantin qui pouvait signifier tant de choses et si peu... Qui scellerait ou non leur destin. Hermione aurait aimé lutter, mais en même temps, elle n’en avait pas complètement envie. La voilà perdue, prise dans l’engrenage cruel du destin. Cette fortune funeste qui va mener ses pas là où elle n’aurait jamais dû aller... qui va tout changer, pour lui comme pour elle... un regard pétrifié, attendant que Drago s’explique, voilà tout ce qu’elle pouvait offrir comme réponse...


(désolée je viens de voir que mon message n'avait pas été posté, or, j'avais dormi 3 heures dimanche soir pour finir de répondre donc là j'ai un peu la rage XD désolée pour l'attente)

Hermione plissa les yeux une fraction de seconde comme pour être sûre de ce qu’elle avait vu. Drago avait-il bien eu l’air déçu ? Mais pourquoi donc ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Avait-il été touché de ses confidences ? Certes, au départ elles n’étaient pas volontaires, mais ce qui était fait était fait... Attendez... Si elle s’était confiée à Drago, cela signifiait qu’elle lui faisait confiance, non ? Et bien, cela avait pris moins de temps qu’elle ne l’aurait imaginé. Cela avait-il un lien avec tout ce qu’elle ressentait en ce moment même ? Sûrement, oui. Ce devait être ça, elle ressentait de l’amitié pour Drago alors qu’elle n’en avait pas le droit. Il fallait que ce soit de l’amitié, ce serait déjà assez dur comme ça. Ca ne pouvait pas être de l’amour, non, il était trop tôt ... Non ! Pire, peut importait que ce soit tôt ou pas comparé au fait de ce qui pourrait ce passer si c’était de l’amour... amour à sens unique, très certainement, mais interdit de toute façon. Où cela pourrait-il bien les mener tous les deux, si ce n’est à leur perte ? Hermione en était consciente. Elle devait s’en empêcher. Tous les jours ne seraient pas comme celui-ci, seuls, tranquilles, coupés du monde et de sa guerre. Non, la réalité était bien trop cruelle et il fallait la prendre en compte avant de se jeter dans des rêveries sans lendemain. De toute manière, ça n’avait rien à voir... Et tandis que son esprit tentait de s’en convaincre, son cœur était persuadé d’une toute autre chose. Ni l’un ni l’autre ne voulait se mettre d’accord, et elle ne pouvait se résoudre à se plier à la réalité, à se plier à l’évidence. Cela impliquait beaucoup trop de choses, trop d’ennuis, trop de risques. La vie avait beau être déjà pleine de danger, surtout ces temps-ci, surtout dans le monde des sorciers, inutile d’en rajouter. Et à quoi bon vivre un amour dangereux à sens unique ? Il fallait qu’elle apprenne à se contrôler, il était hors de question qu’elle détruise tout pour une simple impression qui n’avait rien de sérieux ! Ce n’était qu’une passade. Ce cœur qui battait si fort, elle avait seulement dû prendre froid. Ces sensations à l’estomac, dans la poitrine rien de plus qu’un coup de froid. Elle devait simplement être malade. Après tout, la fatigue, le manque de sommeil, tout pouvait jouer en faveur d’une maladie. Ce n’était pas de l’amour, non, elle était seulement... malade ?

Drago lui fit alors part de son avis quand au manque d’attention de Harry et Ron envers elle. Peut-être avait-il raison, ils n’avaient pas jugé bon de faire attention à elle. Mais c’étaient ses amis, et elle, avait toujours été là pour eux, attentive à leur égard. Décidément elle était plus dévouée qu’eux... si Harry avait vraiment été un ami loyal, il ne serait pas parti sans Ron et elle... Non, c’était injuste de penser ça. Harry avait certainement fait ça pour éviter qu’ils ne risquent leur vie, et pourtant, leur, vie, ils la risquaient tous les jours. Ginny, Ron, Neville et Luna en continuant l’AD et elle... son simple sang suffisait de charge pour qu’elle se fasse tuer si l’envie en prenait à Voldemort. Ils étaient loin d’être en sécurité. Et avec Harry, ils auraient pu l’aider. oui, elle aussi en était étonnée en y pensant bien, de ce manque d’attention de la part d’Harry. Hermione sentit son estomac se contracter quand Drago ajouta que cela ne l’étonnait pas de la part de Ron... Il était vrai que Ron n’avait jamais été d’un grand tact mais... elle ne put s’empêcher de sentir une certaine tristesse. En fin de compte, elle qui avait toujours été dévouée fidèle et attentive à ses amis avait été la seule à toujours faire cet effort... Et dire qu’elle aurait tout fait l’an dernier pour prendre la place de Lavande dans les bras de Ron, elle était là, à ruminer de sombres pensées envers ses meilleurs amis, en compagnie de leur ennemi, à rire et discuter avec lui, à apprendre à le connaître et lui faire confiance. D’ailleurs, Hermione n’avait pu que remarquer l’air léger avec lequel avait parlé Drago. Etait-ce l’opportunité de critiquer ses amis qui le rendait si léger ? Ou était-ce autre chose ? Et si c’était l’idée qu’il avait été le seul à parvenir à lire à ce point en elle qui le rendait joyeux ? *Voyons, Hermione, c’est ridicule.* se disait-elle. Elle soupira. Elle n’avait aucune envie de critiquer ses amis, surtout pas devant Drago, ce serait une trop grande trahison et un manque de respect pour eux... Mais d’un autre côté, eux, quand ils agissaient, faisaient rarement attention à ce qu’elle pouvait bien penser. * Non Hermione, il suffit ! Tu lui fais confiance, OK, mais là tu t’avance dans un terrain épineux !* Le combat intérieur était loin d’être fini, malgré le fait qu’elle avait retenu, uniquement pour ne pas avoir à affronter la réalité en face, l’hypothèse du coup de froid, bien loin de la vérité cependant.

-"Oh, tu sais, Harry a beaucoup d’autres choses à penser..." Hermione s’interrompit avant de dire quelque chose qu’elle ne devait surtout pas dire, pour rien au monde elle ne dirait à qui que ce soit ce que devait faire Harry en ce moment même. "Et Ron... c’est Ron."

Hermione avait fini sur un soupire. Oui, elle n’avait pas d’autre explication concernant le manque d’attention de Ron. C’était lui, il n’avait jamais eu de tact, c’en était même parfois touchant, et Hermione avait pu tomber amoureuse de lui comme il était... était-elle toujours amoureuse de lui ? Une partie d’elle, la sage, l’aurait bien voulu mais elle devait se rendre à l’évidence : elle le voyait de plus en plus comme un simple ami. Enfin, ces temps-ci, elle ne le voyait plus du tout, et cela l’éloignait de lui Ses sentiments avec. Drago continua alors son explication, et Hermione hocha la tête ça et là. A la fin, elle ne put s’empêcher de sourire sincèrement et elle se sentit plus légère. Ce n’était pas que pour leur alliance qu’il était gentil avec elle ! Cela lui faisait beaucoup plus plaisir que ça n’aurait dû. Le bourgeon de la fleur venait d’éclore laissant naître une petite fleur rouge. Exaspérée par son manque de contrôle, Hermione se contenta de lancer un regard noir à la petite fleur innocente. Concentre toi sur la conversation Hermione ! Que répondre à cela ? Elle en perdait ses mots. Elle sourit donc à Drago.

-"D’accord... merci, Drago." Fut tout ce qu’elle trouva à dire après cette gentille explication qui l’avait rendue si légère. "Tu sais, pour moi non plus ce n’est pas qu’une question d’alliance."

Hermione avait ajouté cela d’un voix douce qui allait merveilleusement bien avec le sourire et le regard qu’elle lançait à Drago. Elle suivit le regard du jeune homme qui était posé sur ces maudites fleurs. Si elle le pouvait, elle aurait giflé sa magie pour n’en avoir fait qu’à sa tête. Il devait sûrement se demander pourquoi ces fleurs étaient apparu, et étant loin d’être bête, Hermione savait qu’il connaissait la source de ces fleurs. L’ex Gryffondor s’en voulait de ne pas arriver à contrôler sa magie... car elle avait beau se forcer à croire à la thèse ridicule du coup de froid, cet élément prouvait bien que ça n’avait rien à voir. Etre malade ne provoquait pas d’accidents magiques, quoiqu’elle veuille croire. C’était bel et bien une émotion violente qui avaient fait apparaître ces fleurs, qui les avait rendu éclatantes, les avait fait faner pour ensuite faire naître un bourgeon. Sa magie était donc incapable de se tenir ? Et si c’était parce qu’elle refusait de s’avouer quelque chose de magique qu’elle ne la contrôlait pas ? l’amour, c’est quelque chose de magique après tout. Se le refuser, c’était comme refuser ses dons. Du coup, ceux-ci n’en faisaient qu’à leur tête. A cette pensée, Hermione blêmit. Non, elle perdait juste le contrôle parce qu’elle était désarçonnée quant à ce qui se passait dans le monde, par son inquiétude pour Harry et sa nouvelle entende avec Drago. Rien d’autre. Une autre fleur commençait à pousser à côté. Hermione détourna les yeux. Mais que se passait-il, par Merlin, Morgane, ou la barbe de qui vous voulez ! ! !

Drago lui fit alors la remarque qu’elle avait failli leur attirer des ennuis après qu’elle ait failli prononcer le nom de Voldemort. Elle avait vraiment du mal à se faire à ce fichu tabou. Elle devait admettre que Voldemort avait bien calculer son coup. Seul ses dissidents prononçaient son nom, et certains avaient du mal à en perdre l’habitude. Ainsi, il pouvait facilement les retrouver. Comme quoi, même fou dangereux, Voldemort restait calculateur, ce qui le rendait si terrible, d’ailleurs. Hermione en eut froid dans le dos. Elle lança à Drago un sourire d’excuse. Elle finirait bien par s’habituer. elle releva les yeux vers Drago et vit son sourire, ainsi que les étincelles dans ses yeux. Encore cette sensation étrange au niveau de sa poitrine. Oui, il était beau, ainsi, souriant, étant lui-même... Mais ça, Hermione n’avait ni le droit de le dire, ni de le penser. Elle en était consciente et s’en empêchait violemment... sans grand succès. Drago lui posa alors une question plus que déstabilisante, et pourtant très simple. Qu’est-ce qu’elle pensait en ce moment. Mieux valait qu’il ne le sache pas. Et pourtant, si elle ne voulait pas gâcher ce moment ou leur confiance, elle ne pouvait pas éviter de répondre, et encore moins mentir. Situation délicate. La vérité était toujours la meilleur chose à dire, certes, mais pas dans ce cas là. Quoique, elle pouvait dire la vérité sans entrer dans les détails. Elle avait pensé au fait que Drago l’ait sauvée de la gifle de Crabbe avant de faire apparaître le bourgeon... un souvenir touchant.

-"Je... je me remémorait un bon souvenir." Répondit-elle, assez déstabilisée.

Oui c’était un bon souvenir, car c’était le jour où Drago et elle avaient scellé leur alliance. Un nouveau coup dans sa poitrine. Hermione se sentit rougie une fois de plus. D’autant plus qu’il attendait son bisou. C’était quoi ce gage ? Il aurait pu trouver mieux, tout de même, enfin... il aurait pu trouver moins déroutant... car ça oui, elle était complètement déroutée, elle perdait le Nord, elle perdait tout contrôle... « Un gage est un gage » avait-il dit. Oui, mais, de toute évidence, il ne devait pas se douter de ce que ça impliquait pour Hermione. Si elle remplissait ce gage, elle n’était pas sûre que les barrières qu’elle avait installé pour empêcher des sentiments prohibés d’infiltrer son cœur ne cèdent pas. Lui, ne devait pas ressentir autant de chose pour ce simple bisou, et cette pensée donna un nouveau coup dans la poitrine d’Hermione. que faire ? Elle ne releva même pas la boutade de Drago tant cette idée d’un simple bisou l’effrayait. Elle n’était pas sûre de pouvoir répondre de quoi que ce soit après cela... Pourtant, elle s’approcha lentement, timidement, et lui fit enfin ce petit bisou sur la joue.

Hermione sentit son cœur rater un battement, et s’éloigna le plus possible. Son désarroi était visible. Ce n’était pas qu’un simple bisou, elle avait eu l’impression d’avoir été foudroyée par la foudre en touchant de ses lèvres la peau douce de la joue de Drago. Cet éclair l’avait traversée de part en part, l’emplissant de chaleur, et maintenant que c’était fini, elle ressentait comme un vide. Lui n’avait certainement pas ressenti tout ça, et elle, Hermione Granger, avait peur de tout ce qu’elle avait ressentit en donnant ce petit bisou sur la joue de Drago Malefoy.

Hermione s’efforçait encore et toujours d’ignorer ses sentiments qui pourtant étaient bel et bien là, naissants, bourgeonnant. Et seul le printemps avec sa bise légère et un peu de soleil pouvait faire en sorte qu’il y ait une belle floraison. Cependant, une fleur qui refuse le soleil était condamnée à ne jamais s’épanouir. Mais pourrait-elle s’épanouir dans un amour interdit ? Rien n’était moins sûr. Mais tout était aussi une question de temps. Hermione remit une mèche de ses cheveux ébouriffés derrière son oreille droite. Le vent balayait toujours allègrement le parc, sans épargner ce petit coin de tranquillité. Hermione regardait partout où elle pouvait mis à part dans la direction de Drago. Il fallait à tout prix qu’elle se ressaisisse. Elle ne se reconnaissait pas elle-même. Qui était cette jeune fille riant de façon insouciante alors que ses amis étaient en constant péril ? Qui était cette autre fille qui flirtait, oui, c’était bien le mot, avec son ennemi ? Qui était cette même fille qui ne se contrôlait plus ? La Hermione Granger qu’elle connaissait était loin d’être ce genre de filles. Réfléchie, calme, toujours sérieuse au moins qu’elle passait toujours pour la miss-je-sais-tout très pointilleuse sur les règlements. Enfin, à présent elle passait tout simplement pour la sang-de-bourbe par excellence qu’il valait mieux tenir à l’écart des autres. Dans les cachots, elle avait bien vu que la plupart des esclaves essayaient de ne pas s’approcher d’elle de trop près, et ce, pour deux simples raisons : soit parce que leurs maîtres le leur avait ordonné - « hors de question que mon esclave côtoie une sang-de-bourbe qui peut lui monter la tête pour qu’il se rebelle »- soit eux-mêmes ne voulaient pas être considérés comme les amis de la meilleure amie de Potter, chose à éviter en effet si on tenait un tant soit peu à la vie. Hermione se doutait bien que si Voldemort l’avait laissée en vie cet été et jusqu’alors, ce n’était pas par respect pour son engagement envers Drago. Non, Voldemort tramait sûrement quelque chose par rapport à Harry. Ce n’était pas un hasard. Et Hermione détestait l’idée que ce fou furieux chercherait à faire du mal à son meilleur ami à travers elle et tous les anciens de l’AD. C’était en effet assez... frustrant de se sentir comme une marionnette impuissante. Mais au moins, grâce à Drago, elle avait trouvé une façon de lutter malgré son impuissance...

Non, pas grâce à Drago, elle aurait de toute manière trouvé un moyen de lutter... Pourquoi tout revenait toujours à lui ? Pourquoi d’un coup, alors qu’elle se retrouvait seule avec lui dans ce cadre idyllique et cet instant presque intime, elle se mettait à être une autre ? Non... elle n’était pas vraiment une autre, mais elle avait l’impression de pouvoir relâcher la pression, d’être enfin elle-même. Et dans le coin secret de Drago... ils étaient coupés du monde, tous les deux, et Hermione aurait aimé que cet instant dure éternellement. Mais le temps revenait encore et jouait contre eux. Certes, l’après-midi n’était pas encore finie, mais tôt ou tard, ils devraient sortir de leur havre de paix pour rejoindre ce monde. C’était étrange. Ici, ils étaient en paix et pouvaient être eux même, loin du monde, or, ce monde si oppressant était tout autour d’eux, et les replongerait dans le désespoir ambiant et la peur au moindre pas hors de ce cadre. Autre raison pour laquelle Hermione ne voulait pas en sortir. Drago, lui, au moins, ne la regardait pas, ou plus, pour être exact, comme une sang-de-bourbe, comme une esclave, mais comme une personne comme les autres, digne d’attention. Même Ginny, sa meilleure amie avait eu un nouveau regard en apprenant qu’elle était une esclave. Pas de dégoût, bien sûr, mais un regard condescendant. Tout ce que voulait Hermione, c’était d’être vue comme une sorcière comme toutes les autres ! Et Drago, lui y parvenait. Mais en sortant de ce havre... les masques devraient reprendre leur place, feindre la haine, le dégoût, ils en étaient capable, seulement, cela serait de plus en plus douloureux au fil du temps. Hermione regardait fixement les arbres à côté desquels ils étaient passés pour entrer. L’entrée, la sortie, le calme, l’oppression, la proximité, la haine feinte. Tout passait par là. Hermione écouta néanmoins les paroles de Drago. Elle lui fut reconnaissante de ne pas insister pour qu’elle dévoile ce qu’était censé faire Harry... enfin, ce qu’il faisait sûrement en ce moment même, soit, la chasse aux Horcruxes. Avait-elle rêvé ou avait-il failli prononcer le nom de Voldemort ? Soit elle avait une mauvaise influence, soit il était encore et toujours plein de surprises pour elle. Hermione le regarda donc à nouveau, un sourcil haussé.

-"Harry n’est pas du genre à penser à sauver sa vie avant celle des autres." Assura-t-elle loyalement, bien qu’une pointe d’amertume trahissait un très léger scepticisme en elle. "Il fait sûrement quelque chose d’essentiel pour nous débarrasser de Tu-sais-qui."

Hermione n’entrerait pas plus dans le détail, et elle savait que Drago ne l’y forcerait pas. S’il pouvait également ne pas poser de question sur cette fichue fleur – Hermione lança un regard noir à la pauvre et innocente plante – cela l’arrangerait énormément. En effet, qu’il lui pose ce genre de questions gênantes l’obligeait à se les poser à elle-même. Et puisqu’elle refusait de se rendre à l’évidence quant aux réponses à ses questions, il lui était impossible de rendre honneur à cette « amitié » naissante entre elle et Drago. Tiens ? Il aurait été déçu si elle avait vu seulement le pacte qui les unissait ? Il n’avait alors aucune raison d’être déçu car il y avait tellement plus que ça entre eux désormais... Hermione plongea son regard chocolat dans le regard enneigé de Drago. Son cœur fit un bon dans sa poitrine et elle eut une drôle d’impression , comme si elle était absorbée par ce regard, comme si elle voulait y rester perdue pour toujours, mais aussi le fait qu’elle n’en avait pas le droit. Hermione n’avait même par remarqué qu’elle souriait tendrement tout en le regardant. En s’en rendant compte elle tourna vivement la tête, regardant ailleurs.

Son cœur battait de plus en plus vite .Pourquoi souriait-elle bêtement ? Pourquoi voulait-elle prétendre à une éternité dans les yeux de Drago ? Au nom de quoi se permettait-elle de rire avec lui ? De le chatouiller ? De sourire si tendrement... Un seul mot, une seule réponse à des milliers de questions qui l’assaillaient. Hermione devait accepter la réalité. Elle ferma les yeux une seconde et tout ce qu’elle vit à travers ses paupières closes était le visage de Drago riant comme il y avait quelques instants. Elle n’arriverait donc jamais à le sortir de sa tête ? mais elle n’avait pas le droit. C’était précisément le problème... au fond, elle s’en fichait presque de ne pas avoir ce droit. Hermione rouvrit les yeux et ne put que se rappeler la sensation éprouvée lors de ces quelques mots, de ces chatouilles, de ces baisers échangés, si futiles mais pourtant si forts. Hermione déglutit. C’était donc cela. Ce ne pouvait être que cela. Ce qu’elle avait ressentit pour Ron pendant plusieurs années, mais multiplié au centuple pour ce court instant. Ce sentiment qui donne des ailes et une impression de sécurité même dans les moments les plus critiques. Ce qui pouvait nous sauver comme nous faire sombrer. Ce qui méritait toutes les batailles. C’était donc ça, l’amour, le vrai... l’interdit. Hermione en était arrivée à un stade où elle ne pouvait plus nier. Elle ressentait à présent le sang s’écouler de sa plaie ouverte, où la flèche lancée par le destin l’avait touchées de plein fouet. Mais elle ne pouvait l’assumer. Jamais ce ne serait réciproque de toute manière. Quelle ironie... Merlin et Morgane devaient bien rire là haut, Hermione Granger était amoureuse de Drago Malefoy.

En formulant cette pensée dans sa tête, Hermione ressentit une forte chaleur, comme si accepter la vérité lui faisait un grand bien... mais c’était en réalité la flamme de l’amour qui pouvait prendre plus vite, qui avait commencé à la consumer. Chose étrange, les fleurs magiques prirent feu tout à coup, succombant aussi à cette passion ardente qu’Hermione venait de reconnaître. Et une fois entièrement brûlées, il n’en resta aucune trace, sous le regard coi d’Hermione qui lança ensuite un coup d’œil fébrile à Drago. Un simple regard sur lui, en sachant qu’elle nourrissait en elle des sentiments interdits qui ne seraient jamais réciproques, lui donnait la sensation qu’un millier de poignards aiguisés la transperçaient de part en part. Ses yeux gris, son teint pâle, ses cheveux blonds, on aurait dit un ange, mais un ange qui allait lui faire vivre un enfer, sans même le savoir. Car il demeurait tout de même qu’elle était censée être son esclave, qu’ils étaient alliés. Elle ne pourrait l’éviter le temps que ce stupide béguin lui passe. Oh, Hermione, dans quelle galère t’es-tu engagée ? Elle avait pourtant eu l’impression de reprendre la contrôle, sur sa magie au moins, en acceptant la nature de ses sentiments pour lui. Mais là, un regard et elle perdait pied. Combien de temps devrait-elle vivre en déséquilibre ? Seul de la réciprocité pour l’aider à se tenir droite, mais jamais cela n’arriverait. pourtant Drago Malefoy, qui avait toutes les filles à ses pieds, la regarderait elle ? Elle était tout de même celle qui lui avait toujours résisté. Aucune raison qu’il ne s’intéresse à elle autrement que par ce pacte et cette amitié. Enfin, amitié pour Drago, Hermione devenant de plus en plus consciente que de son côté, toute amitié avec Drago serait impossible. Elle ne pouvait pas non plus le détestait... et elle n’avait aucunement le droit de l’aimer...

Hermione se leva brusquement. Il fallait qu’elle s’éloigne, qu’elle prenne l’air, qu’elle se sauve, dans tous les sens du terme. Qu’elle prenne la fuite face à l’attraction plus que dangereuse qu’elle éprouvait envers Drago, et qu’elle sauve son honneur, son amitié, sa dignité, ses convictions en s’éloignant de celui qui des à présent avait tout pouvoir sur sa vie, qui faisait battre son cœur, mais qui la torturait également à petit feu. Hermione épousseta sa robe et jeta un regard en biais à Drago. Elle était encore tout près de lui après le dernier baiser sur la joue.

-"Désolée, Drago, il faut que j’y aille...je... je dois faire quelque chose." Dit-elle précipitamment, ne sachant pas qu’elle excuse inventer. "il faut à tout pris que je... fasse quelque chose, que je m’en aille."

Hermione ne cherchait aucunement à cacher sa détresse. Elle était complètement déboussolée par ce qu’elle avait compris. Elle l’aimait, sans en avoir le droit, elle lui offrirait son cœur et lui ne pourrait que jouer avec, elle aurait voulu que cet instant dur éternellement, mais elle devait à tout prix y mettre un terme. Le souffle court, débout face à lui, elle regardait Drago d’un air désespérée, ne sachant pas si elle devait attendre sa réponse ou partir immédiatement. Elle était partagée. Sa raison lui urgeait de partir, mais son cœur et ses jambes refusaient d’obéir. Elle parvint finalement à faire un pas en arrière. Futile mouvement de recul, puisqu’elle était déjà prise dans la toile du destin. Toute tentative de fuite ne ferait que la rendre plus vulnérable, mais elle ne le savait pas, elle. Hermione put faire un autre pas en arrière, puis se retourna. Tout se passa très vite, du flou, un mouvement, stoppée, et elle tombait à terre ...

(désolée pour l’attente j’ai dû réécrire un bon bout qui était trop mal écrit XD à la fin à toi de voir ce qu’il se passe qu’est-ce qui l’a fait tombée, ce qui l’a stoppée, etc, ^^ bisou ! ! !)

Hermione s’était retrouvée à terre sans bien comprendre comment. Elle ralentit sa chute en s’appuyant sur son poignet qui fit un drôle de bruit, la douleur lui fit comprendre qu’elle se l’était tordu, mais aucun son de douleur ne s’échappa de sa bouche. Si elle avait bien compris ce qui venait de se passer, Drago avait tenté de la retenir et l’avait faite tombée sans le faire exprès. Elle ne resta pas étendue à terre, bien entendu, elle se remit en position assise et vit que Drago s’était agenouillé à côté d’elle. Le souffle court, toujours dans son état de panique froide, elle le regarda, silencieuse, d’un air presque terrifiée. Elle devait partir, pourquoi l’avait-il retenue ? Elle ne répondait plus de ses gestes ni de ses paroles lorsqu’elle était avec lui, rester était trop dangereux. Quand bien même ses sentiments seraient partagés, ils se lanceraient dans une aventure qui ne pourrait rien faire d’autre que les détruire. Ils étaient trop différents. Tout les séparait. Et même si Hermione n’avait pas l’habitude de renoncer à la première difficulté, elle devait se rendre à l’évidence. cette histoire était tout bonnement impossible. Leur vie serait en danger, encore plus qu’avant, quand bien même ils se cacheraient et resteraient dans l’ombre. Les yeux chocolat d’Hermione fixaient les yeux glacés de Drago. On pouvait lire dans le regard sucré de la jeune fille qu’elle était totalement paniquée à l’idée de dire ou de faire quoi que ce soit. La fuite était la seule solution, mais c’était impossible, Drago venait de montrer qu’il ne voulait pas la laisser fuir comme ça. Hermione se trouva lâche, ce n’était pas son genre de fuir, même si en l’occurrence, la fuite, c’était la prudence. Même si la fuite pourrait éviter bien des dégâts et ne pas mettre en danger celui qu’elle aimait à présent. Ron était bien loin de son cœur maintenant. Cela aurait été si simple si elle était restée amoureuse de lui. Mais non, la flèche de Cupidon avait frappé, l’avait touchée droit au cœur, et elle se retrouvait paralysée devant celui pour qui son cœur battait. Suite à un effort surhumain, elle réussit à détacher son regard de celui de Drago, et se massa doucement le poignet sur lequel elle était tombée. Ainsi, Hermione pouvait écouter et comprendre ce que disait Drago, malgré son cœur qui battait la chamade, malgré son envie de fuir, malgré sa panique.

Son cœur rata un battement. Il savait. Du moins, il se doutait de quelque chose, puisqu’il savait être la cause du trouble d’Hermione. Et il venait de lui dire qu’elle était la cause de ses soucis majeurs ces temps-ci. S’il savait à quel point c’était réciproque. Il avait peut-être besoin de lui parler, mais Hermione, elle, avait besoin de prendre le plus de distance possible mais là, assis l’un face à l’autre, ce serait difficile. Il n’avait pas tort, elle ne pouvait plus se balader n’importe où à présent, lui seul pouvait lui dire où aller. En cet instant magique passé avec Drago, elle en avait oublié son statut d’esclave. Quelle ironie. Une esclave qui voulait se battre, garder sa dignité jusqu’au bout, résister, se montrer forte, ne voilait pas son trouble alors qu’elle tombait amoureuse de son maître, son bourreau, en quelque sorte. Toujours cette même douleur au cœur. Hermione releva les yeux vers lui. Elle ne savait pas quoi dire. Son envie de fuir était toujours aussi pressante, pesante, présente. Mais elle ne bougeait pas. Elle ouvrit la bouche à plusieurs reprises pour prendre la parole, mais aucun son ne franchit ses lèvres, se ravisant au même instant à chaque fois. Il était absolument impossible de dire la vérité, de se déclarer. Drago se moquerait ou lui dirait que ce n’est pas réciproque dans le meilleur des cas, car oui, là, le pire des cas serait que cela soit réciproque car ils enchaîneraient malheur sur malheur, cauchemar sur cauchemar. Ce n’était pas le genre d’amour qui finissait bien. C’était plutôt le genre de passion qui vous consume de l’intérieur jusqu’à ne laisser que des cendres. Et Hermione voulait être la seule à brûler s’il le fallait. Elle ouvrit encore la bouche pour ne rien dire au final. Des tourbillons de sensations l’envahissaient et la noyaient. Parler serait permettre à ces sentiments destructeurs de mieux s’infiltrer en elle et la faire étouffer. Son regard était de nouveau perdu dans celui de Drago. Oui, c’était le mot exact. Elle était perdue. Bel et bien perdue. Pas seulement par sa confusion, mais parce qu’elle ne pourrait pas se remettre de ce coup fatal porté en plein cœur, de ce carreau passionné qui l’avait transpercée de toute part. Cupidon était trop bon viseur, il n’avait pas raté sa cible, mais avait-il touché également Drago ? Hermione n’en savait rien et si elle brûlait de la savoir, elle le refusait tout de même. Tout n’était que contradiction dans cette histoire. Mais elle était de Gryffondor, quoiqu’en disent les Mangemorts et Voldemort. Sa vertu principale était le courage. Et il lui fallait rassembler tout son courage pour enfin répondre à Drago, ses yeux toujours perdus, noyés, prisonnier des siens.

-"Je... non, tu te trompes... enfin, si, mais... non... c’est moi qui..." balbutia-t-elle.

Hermione soupira. Rassembler son courage était une chose, encore fallait-il avoir rassemblé ses idées pour lui répondre. Mais ses idées étaient aussi embrouillées que ses paroles. Elle se massait toujours le poignet, mais plus frénétiquement, comme pour passer ses nerfs à vif sur quelque chose, mais elle ne faisait du coup qu’accentuer la douleur. Que faire ? Que dire ? Habituellement, son répondant aurait fait l’affaire mais là... il semblait être en panne sèche. Elle sentit ses yeux lui piquer. Ah non, ce n’était pas le moment, elle détourna son regard et cessa de masser son poignet douloureux. Hermione respira profondément, pour se calmer, sans grand succès.

-"Ecoute, ça n’a rien à voir avec toi." Mentit-elle avec un sourire forcé. "Je ne me sens pas bien, c’est tout, j’ai besoin de repos, je dois couver quelque chose."

Avait-il vraiment besoin de lui parler ? Pourquoi ? Il allait sûrement voir qu’elle mentait, Drago n’était pas né de la dernière pluie. D’habitude, elle savait bien jouer la comédie, mais là, le mensonge était presque transparent. Hermione sentait poindre en elle des larmes tranchantes, de verre. Elle détourna son regard de nouveau, les larmes lui montaient aux yeux. Elle devait les cacher, mais sa respiration se faisait difficile avec toutes ses émotions. Elle se rendait bien compte à présent qu’elle était perdue. Elle aimait celui qui devait être son ennemi, ses amis la détesteraient pour cela, ses ennemis tout autant si ce n’est plus, et sa vie était fichue. Elle ressentit comme un coup dans le cœur. Un sanglot, une larmes coulant lentement. Hermione enfouit sa tête dans ses mains tremblante, ignorant sa douleur au poignet, commencer à pleurer son désespoir. Drago devait sûrement en être étonné mais elle avait accumulé trop de chose ne peu de temps. De temps à autre, le soir, dans les cachots, elle pleurait aussi, mais elle n’avait jamais pu évacuer totalement toute la tristesse qu’elle éprouvait du fait que le mal ait gagné, de son inquiétude pour ses amis, ses parents, le traitement infligé aux siens, et maintenant elle était éperdument amoureuse de Drago Malefoy, promis à une carrière de mangemort malgré lui. Hermione n’était pas bête d’ailleurs, s’il ne le lui avait jamais dit clairement, elle savait qu’il devait être à la tête d’une sorte d’armée d’apprentis mangemort qui, eux, ne reculaient devant rien pour faire comprendre aux enfants de moldus qu’il ne valaient pas plus qu’un veracrasse. Hermione pleura donc, tremblante, fatiguée de tout ces malheurs qui s’accumulaient. Et c’était surtout cet amour, qui aurait pu être un grand bonheur, qui constituait sa principale source de désespoir. Ce que faisait Drago pendant ce temps ? Elle n’en avait aucune idée. Il devait la prendre pour une folle, et la regarder d’un air perplexe. Non, Hermione ne s’attendait pas à un air moqueur, elle commençait à réaliser qu’il n’était pas comme ça. Mais elle préférait qu’il comprenne simplement qu’elle pleure plutôt que de lui montrer ses larmes en levant la tête pour voir ce qu’il faisait. Mais alors...

(désolée, c’est court, mais je pense qu’il valait mieux commencer par la chute, puis comme ça ce sera plus facile de répondre ^^)

Hermione sentit plus qu’elle ne vit le bandage apparaître et s’enrouler autour de son poignet. Elle lui fit un signe de tête pour lui dire merci, toujours aussi incapable de mettre le ‘ordre dans ses pensées. Si seulement il pouvait comprendre tout ce qui se passait dans la tête d’Hermione, enfin, il le pouvait, bien sûr, il n’était pas bête, mais s’il pouvait le comprendre sans qu’elle ait à le lui dire, cela faciliterait bien les choses pour la pauvre Hermione. Drago devait avoir beaucoup de mal à saisir son comportement, mais c’était mieux ainsi. Il valait mieux qu’Hermione garde ce qu’elle ressentait pour elle-même. La pensée folle d’en parler à Ginny lui vint à l’esprit. En temps normal, Ginny l’aurait conseillée tout comme elle-même l’avait conseillée par rapport à Harry. Mais, là, tout était différent. Premièrement, Hermione ne pouvait pas voir Ginny facilement, il lui faudrait prendre de gros risques pour se promener dans le château sans Drago. Ensuite, ces temps-ci, Ginny devait sûrement être beaucoup trop inquiète pour Harry pour se soucier des affaires de cœur des autres. Enfin, Ginny était la sœur de Ron, Hermione se voyait mal la voir pour lui dire qu’elle préférait Drago Malefoy, leur ennemi de toujours, qui plus est, le fils de celui qui avait fait de la première année de Ginny à Poudlard un enfer, à son frère. Ginny ne l’accepterait jamais, elle la prendrait sûrement pour une traîtresse. Non, il valait mieux qu’elle garde tout ça pour elle. Elle ne pourrait pas distiller ce doux poison qui voulait dans ses veines en en parlant. Peut-être que quelqu’un comme Luna l’écouterait, mais Hermione n’avait aucune nouvelle d’elle. De toute façon, il valait mieux que cela reste secret. Le dire ne ferait que rendre son amour pour Drago plus vrai. Elle n’en avait pas le droit. Par rapport à elle comme par rapport aux autres. Bien sûr, cela n’avait rien à voir avec leur origine, Hermione s’en fichait comme de sa première paire de chaussure, mais ses amis la renieraient et Drago serait mis dans une position embrassante. Elle ne voulait pas trahir ses amis, ni causer d’avantage d’ennuis à Drago. La seule alternative était le silence. Un silence vénéneux, mais salvateur. Hermione ressentit comme un pincement au cœur lorsque Drago faillit l’appeler par son nom de famille. Elle préférait qu’il l’appelle par son prénom. Non, c’est sûr, il n’allait pas la manger, au contraire, il l’avait soignée, mais, elle ne pouvait rien dire. Elle ne devait rien dire. Tout garder pour elle. Ce ne serait pas facile, mais elle devait renoncer à cet amour naissant. Pour le bien de tous.

-"Non, oublie ça, ce n’est pas important." répondit-elle en un soupir.

Bien sûr que c’était important, mais du moment qu’elle s’était décidée à garder le silence, il fallait faire comme si. Faire comme si, le jeu des apparences, Hermione avait toujours été contre et maintenant qu’elle n’avait d’autre choix que de le suivre, elle le détestait encore plus. Stupides apparences. Si elles ne s’était pas attardée dessus, elle aurait pu entrevoir plus tôt le Drago qui sommeillait derrière le Malefoy, ils auraient peut-être eu leur chance. Mais les masques étaient tombés trop tard et Hermione se devait de porter un voile sur ses sentiments. Pour le bien de tous. L’amour était un égoïsme à deux, disait-on. Mais Hermione ne pouvait se résoudre à cet égoïsme. Non, impossible, elle devait penser aux autres. Elle ne voulait pas les faire souffrir par des choix inconsidérés. C’était tout elle, ça, prendre ses décisions en fonction des autres plutôt que de ce qu’elle voulait vraiment. En troisième année, par exemple, elle qui était surmenée avait fait le choix d’aider malgré tout Hagrid pour la défense de Buck. Ou encore, elle avait parlé de l’Eclair de Feu au professeur McGonagall pour le bien d’Harry, sachant pertinemment qu’il lui en voudrait. Résultat ? Ron et Harry ne lui avaient plus parlé pendant des mois. Cette fois encore, elle devrait prendre sur elle. Mais c’était d’une tout autre difficulté. Et pour ça, elle avait menti. Bien sûr, Drago avait vu clair dans son jeu. Hermione l’avait comprit dès qu’elle avait vu ce sourire en coin sur ses lèvres. Il n’hésita pas à le lui dire clairement, ce qui la mit d’autant plus mal à l’aise. Les larmes continuaient à couler sur ses joues, et elle n’osait plus le regarder en face. « Tu me déçois. » Avait-il dit. Son cœur se resserra étroitement suite à ces paroles. Comme s’il était transpercé de milles poignards aiguisés. Elle détestait décevoir ceux qu’elle aimait, et le fait de ressentir cela au moment même où il lui disait qu’elle le décevait prouvait bien les sentiments de la lionne pour le serpent. « dans une relation telle que la notre » Cette phrase prononcée par Drago faisait échos dans le tête d’Hermione. Que voulait-il dire par là ? Elle même ne saurait qualifier leur relation qui était plus que compliquées : d’ennemis jurés ils étaient devenus alliés pour finir par une presque amitié, Hermione éprouvant de l’amour pour lui sans savoir, et même sans avoir envie de savoir si c’était réciproque, par prudence. Leur relation était difficile à définir. En tout cas ce dont Hermione était sûre c’est que lorsqu’elle riait avec lui, elle oubliait tout le reste. Et ça, ça ne lui était jamais arrivé auparavant, pas même avec Ron.

Une autre larme coula le long de sa joue, s’ajoutant aux autres. Il fallait qu’elle cesse de pleurer, même si cela lui faisait du bien. Hermione ne voulait pas qu’il la voie comme ça, finalement. Mais c’était plus fort qu’elle. Le flot de larmes s’était calmé pour laisser quelques petites rebelles tomber de temps à autre, mais Hermione aurait préféré qu’il n’y en ait plus aucune. Mais comment les arrêter de couler alors que tout s’accumulait ? Qu’elle venait de se résigner à un choix qu’elle ne faisait pas de sa propre volonté, mais pour les autres ? Comment s’arrêter alors qu’elle lui avait menti, à lui, Drago, celui qu’elle aimait ? Que celui-ci lui avait dit qu’elle l’avait déçu ? C’était vrai, elle n’aurait pas dû mentir, mais le mensonge valait mieux que la vérité dans le cas présent. Elle était désolée d’avoir menti, mais elle ne pouvait se résoudre à dire la vérité. Elle n’y arriverait pas de toute manière. Elle sentit la main de Drago lui releva la tête. Et Hermione dût le regarder dans les yeux, son regard chocolat encore humide et brillant. La douceur du geste de Drago la fit frissonner, mais elle n’en montra rien. Elle s’efforça de lui montrer un regard vide de toute émotion, mais c’était peine perdue. Elle ne voulait pas qu’il comprenne tout dans son regard tout comme il avait pu la comprendre plus tôt. S’il comprenait, elle serait incapable de démentir. Drago l’avait dit, elle faisait une bien piètre menteuse. Son cœur s’était figé alors que son regard se perdait dans les yeux de Drago, mais elle devait rester sur terre. Heureusement, Drago ferma les yeux et elle put détourner son regard du sien, son souffle revenant par la même occasion. Il fallait qu’elle dise quelque chose, voilà que Drago culpabilisait d’avoir voulu lui faire dire ce qui n’allait pas, alors, que c’était elle qui avait menti et qui refusait de lui parler. Elle devait assumer, sans pour autant dire la vérité. Mais où était donc son intelligence quand elle avait besoin d’elle ? A cet instant, Hermione se sentait comme la dernière des imbéciles. Il avait hésité avant de qualifier leur relation d’amitié... pourquoi ? Si ses idées lui faisaient défaut, le sens de l’observation d’Hermione était encore et toujours fidèle au poste. Se pourrait-il que lui aussi ressente quelque chose ? Hermione tourna de nouveau, malgré elle, les yeux vers lui. Une lueur d’espoir brillait avec ses larmes, mais la jeune fille préféra reposer les pieds sur terre. Non, elle rêvait, c’était juste que cela devait faire bizarre à Drago de parler d’amitié avec elle. Non ?

Hermione prit une profonde inspiration avant de parler. Elle ne devait pas faire de gaffe en laissant échapper quelque chose qu’elle devrait garder pour elle. Le choix de ses mots était crucial.

-"Non, ce n’est pas à toi de t’excuser, Drago... Je suis désolée, je sais que je n’aurais pas dû mentir, mais j’ai comprit quelque chose que je... je dois le garder pour moi, tu comprends ? Ce n’est pas que je ne te fais pas confiance... au contraire, mais... c’est plus sage que je garde ça pour moi. Désolée encore d’avoir menti."

Ca y est, elle avait pu aligner plusieurs mots et phrases intelligentes sans mentir. Elle avait dit la vérité sans révéler ce qu’elle devait cacher désormais, à savoir, ses sentiments pour lui. Assez fière d’elle, elle essuya son visage, que Drago avait lâché, d’un revers de sa manche, mais des larmes perlaient encore à ses yeux. Mais la soulagement d’Hermione était de courte durée. Drago avait en effet repris la parole, d’une voix toujours aussi douce, ce qui faisait battre de plus en plus fort le cœur d’Hermione. Mais ce qu’il dit eut un effet plus qu’inattendu. On aurait arrêté le temps et lancé mille sortilèges d’allégresse et mille Doloris en même temps à la jeune fille que cela n’aurait pas été aussi fort. Que devait-elle comprendre ? Elle était celle qui le troublait. Mais qu’entendait-il par trouble ? Hermione resta figée, les yeux fixés sur lui, effrayés, malgré un minuscule sourire au coin de ses lèvres. Un mélange de joie et de peur. Si elle avait bien comprit, elle n’était pas la seule a avoir été lâchement frappée par Cupidon. Il avait lancé deux flèches et touchés deux cœurs. Mais il aurait mieux valait un amour à sens unique. Comment mentir à présent ? Comment cacher ses sentiments ? Il lui faudrait plus de courage qu’elle n’en avait montré jusqu’alors pour cela. En aurait-elle la force ? Hermione n’en savait rien. Figée, apeurée, les sentiments amoureux était pour elle source de joie et de souffrance. Si ses paroles étaient aussi douces que du miel, elle ne firent que propager d’avantage le venin brûlant qui courait dans ses veines la tuant à petit feu. Pourquoi fallait-il qu’elle aime le garçon de qui elle n’aurait jamais dû tomber amoureuse ? Pourquoi fallait-il qu’elle le trouble à son tour ? Oh, pour une fois, elle aurait aimé avoir tort, s’être trompée dans son interprétation. Si Drago fuyait le regard d’Hermione, Hermione, elle était comme hypnotisée, le fixant droit dans les yeux. S’il détournait son regard pour les poser dans les siens, elle serait perdues. Elle ne répondrait plus de rien.

-"Je... non, tu ne ... " balbutia-t-elle.

Une nouvelle larme perla aux coin de ses yeux, une larmes de verre qui coula lentement, symbole de son déchirement. Que faire quand celui qu’on aime vous fait une déclaration masquée, alors qu’on s’est promis de ne rien révéler ? Hermione ne connaissait pas la réponse à cette question.